top of page
310x190_extrait-affiche-gagnante-concours-mobilisons-contre-harcelement.webp

    Identifier le harcèlement scolaire   
Quelles actions envers les agresseurs et pour les victimes ?

06 septembre 2023

D’après les statistiques, environ 10% des élèves subiraient du harcèlement de la part de leurs camardes au sein des établissements scolaires et/ou sur les réseaux sociaux (cyber-harcèlement). Loin d’être un phénomène isolé dans les pays où la scolarité est obligatoire, on encourage les élèves à briser le silence, à dénoncer les faits et à solliciter les adultes qui ont le pouvoir d’agir et de les protéger. Mais cela est loin d’être aussi simple…

​

Le harcèlement scolaire, c’est quoi ?

​

Le harcèlement est un ensemble de violences répétées et qui durent sur un élève au sein de l’établissement scolaire (ou sur internet) de la part d’un ou plusieurs camarades. Il s’agit d’une relation dissymétrique dans laquelle sont présents un ou des dominant(s) et un dominé, le harceleur ayant envie de nuire/blesser le harcelé.

Cet harcèlement peut prendre plusieurs formes. Il peut s’agir de violences psychologiques, de violences physiques, de violences verbales, etc… :

  • Harcèlement direct : Insultes, bousculades, pincements, coups, racket, intimidations, menaces, dégradations matérielles, humiliations, moqueries …

  • Harcèlement indirect : propager des rumeurs, isolement la victime de ses pairs…

  • Cyber harcèlement : partage de photos dégradantes, usurpation d’identité, diffamation, SMS injurieux…

 

Pourquoi on harcèle ?

​

Comme tout individu, l’enfant va se construire et se sociabiliser dans un premier temps aux côtés de ses parents. Puis vers 7/8 ans, l’enfant s’éloigne progressivement pour intégrer des groupes de pairs. Ensemble, ils partageront des passions communes, auront des valeurs et des intérêts communs. Il s’agit là de mettre en place des codes et des rituels qui faciliteront la cohésion du groupe. L’identité individuelle étant encore fragile à cet âge là, la moindre différence avec les autres membres peut être jugée comme menaçante pour l’intégrité du groupe. Alors, si quelqu’un affiche une trop grande différence, il sera exclu car il perturbe la cohésion du groupe, il perturbe l’identité groupale. Le harcèlement s’installe à partir du moment où un des membres du groupe se sent menacé (mal à l’aise) par la différence de l’autre. L’autre lui renvoie quelque chose qu’il ne veut pas voir chez lui (une faille, une différence) et cette prise de conscience est intolérable. Harceleur et harcelé ont donc un point commun, celui de se sentir différent.

​

Les différences dans un groupe d’élèves peuvent être:

  • Relatives quand elles dépendent du contexte: élève qui arrive en cours d’année, élève désigné « intello » dans une classe dissipée, établissement scolaire défaillant, etc…

  • Absolues quand il s’agit de différences physiques (poids, couleur de peau, couleur de cheveux, taille, boutons,…) ou de personnalité (trait autistique, précocité, TDAH, déficience, trouble psychotique, comportements inadaptés ou difficultés relationnelles…).

 

Il peut s’agir par exemple d’un jeune qui s’affirme en tant qu’homosexuel et ce positionnement individuel va venir inconsciemment questionner chez les membres du groupe leur propre orientation sexuelle. Cela peut venir ébranler les certitudes de certains, les perturber et menacer leur identité encore fragile. A la suite de ces questionnements délicats et troublants, certains jeunes n’auront pas la maturité pour y faire face et cela les déstabilisera. Afin de se protéger de ce qui les angoisse, le groupe aura recourt à l’exclusion d’un de ces membres dans le but de retrouver un sentiment de sécurité interne.

D’autres harcèlent pour se soulager d’une frustration, d’une contrariété. Sans aucun remord ou culpabilité, ces harceleurs se défoulent sur les autres. Il s’agit ici de personnalités avec des aménagements pervers.

D’autres encore harcèlent dans le but d’obtenir quelque chose de la victime. C’est le cas dans les situation de racket par exemple.

 

Le fonctionnement du harcèlement

​

La plupart du temps, le harcèlement a lieu loin du regard des adultes: dans les toilettes de l’école, dans le bus, à la cafétéria, dans une foule d’élèves lors d’une récréation ou encore au domicile (cyber-harcèlement).

D’ailleurs, lors du harcèlement, nous remarquons trois acteurs: le harceleur, la victime et les spectateurs.
Une fois une différence (relative ou absolue) remarquée au sein du groupe d’élèves, la victime est prise pour cible par le ou les harceleurs et entrera dans un état de sidération. « Pourquoi suis-je rejeté du groupe alors qu’avant, on était copain ? ».
Cet état de sidération psychique ne lui permettra pas de comprendre ce qu’il se passe ni de se défendre correctement.

La victime sera la plupart du temps incapable de répondre avec répartie pour se protéger, de lui renvoyer sa responsabilité « je n’y suis pour rien » ou de laisser couler pour que l’agresseur se calme. Car pour se faire, il faut que la victime prenne du recul et comprenne que l’intimidateur cherche à se défouler sur quelqu’un pour évacuer une frustration ou une angoisse (suscitée par la différence, une peur, une faille). Pour parvenir à se défendre, il faut également que la victime soit convaincue qu’elle a droit au respect. Or, à l’âge où enfants et adolescents se construisent identitairement, ils sont fragiles. Ils sont peu sur d’eux et sont désireux d’être acceptés par les autres. Etre rejeté de son groupe d’appartenance est très violent.

 

A cette étape, la notion de « bouc émissaire » apparaît et l’agresseur va fédérer les autres membres du groupe (les spectateurs) à sa cause. Ensemble, ils vont s’allier afin d’exclure la victime du groupe. On note tout de même que certains spectateurs rejoignent le harceleur par peur d’être eux-mêmes rejetés et exclus par la suite (menace implicite). De cette façon, ils s’assurent la protection du groupe.

D’autres en revanche y voient une occasion de se défouler de leurs frustrations et d’évacuer leurs pulsions agressives sur la victime. Ainsi, les élèves spectateurs, par leur action agressive ou inaction, sont instrumentalisés par l’agresseur afin de faire durer le harcèlement.

Au sein de ce groupe, une ambiance de crainte et de pression maintient chaque membre dans le secret et aucun d’eux n’osera solliciter un adulte pour sortir de cette situation.

Pour l’élève victime de harcèlement, briser la loi du silence est loin d’être évident. L’enfant/l’adolescent ressent d’abord un sentiment de honte (honte d’être différent des autres, honte de subir de la violence, aura peur de faire honte à sa famille) et voudra s’en sortir seul.
Il n’osera pas toujours en parler à ses parents de peur de les inquiéter davantage (si ceux-ci sont submergés de problèmes personnels / s’il ne les sent pas assez solide pour résister au choc de l’annonce) ou si la famille partage comme valeur commune « on peut compter que par soi même ».

De plus, solliciter les adultes, c’est prendre le risque que la situation s’envenime.

​

L’impact du harcèlement sur les victimes

​

  • L’élève arrive en retard en cours car il rallonge son trajet pour éviter ses harceleurs.

  • Prétend oublier ses affaires scolaires alors que celles-ci ont été détruites ou volées par les harceleurs.

  • Problèmes de concentration qui entraînent une chute des résultats scolaires.

  • Intérêt grandissant pour les jeux vidéos pour fuir la réalité.

  • Sentiment de stress et grande anxiété qui favorise l’apparition de troubles psychosomatiques: maux de ventre / de tête, malaise, diarrhée, nausée,… A terme, cela peut déboucher sur une déscolarisation.

  • Traits dépressifs: trouble de l’appétit et du sommeil, changement d’humeur et irritabilité pouvant entraîner une dépression.

  • Le cyber-harcèlement se poursuit même quand l’élève est hors de l’enceinte de l’établissement. Arrivé chez ses parents, l’enfant sera persécuté sur internet lui ôtant tout sas de décompression. Il aura ainsi le sentiment d’être en sécurité nul part. Épuisé et à bout, il sera encore plus vulnérable.

  • Etre rejeté par son groupe d’appartenance entraîne une baisse de l’estime de soi et de confiance en soi. Sans capacité à se défendre correctement (sidération), la victime verra le harcèlement durer et se répéter. Progressivement, elle se convaincra qu’elle est bien différente des autres membres et qu’elle est donc responsable de cet acharnement. Isolée, murée dans la loi du silence et prise au piège dans un cercle vicieux, la victime peut penser au suicide et passer à l’acte.

  • Une fois adulte, une peut remarquer des difficultés d’intégration sociale dans sa vie professionnelle, amicale, sentimentale, personnelle.

 

LA MÉTHODE PIKAS ET LA PRÉOCCUPATION PARTAGÉE

​

Cette méthode suédoise a été développée par le professeur de psychologie Anatol Pikas dans les années 70 et réduirait le harcèlement scolaire dans 75 à 80% des cas. Ce type d’intervention semble être l’une des plus efficaces en matière de gestion et résolution du harcèlement scolaire. Après avoir fait ses preuves en Australie, Canada, Royaumes-Unis et Finlande, de plus en plus de professionnels de l’éducation nationale se forment à la méthode de la préoccupation partagée.

​

La méthode :

​

Pikas part du principe que le harcèlement est un phénomène groupal qui, en instaurant un climat de peur et de pression sur chacun de ses membres, maintient le harcèlement sur la personne victime. En proposant des entretiens individuels aux agresseurs et en les faisant réfléchir sur les solutions à apporter à la victime, Pikas brise l’unité du groupe et fait émerger la notion de préoccupation partagée afin de protéger l’élève harcelé.

 

Dans les faits, lorsqu’un professionnel de l’éducation nationale a connaissance d’un cas de harcèlement au sein de l’établissement, il intervient en proposant aux auteurs de violences une série d’entretiens individuels. L’approche de l’intervenant se veut bienveillante et empathique vis-à-vis de l’élève victime et ce dernier prend soin de ne pas punir ou culpabiliser les harceleurs.

L’objectif de ces rencontres est de réduire l’effet « groupe » en ré-individualisant chacun de ses membres, en leurs permettant de penser à la situation de l’élève victime par eux même sans être influencé.

Progressivement, l’intervenant sollicite les intimidateurs en leur demandant de trouver des solutions pour aider la personne harcelée. Ainsi, les élèves concernés deviennent acteurs dans la résolution du problème qu’ils ont créé. De harceleurs, ils deviennent réparateurs.

Cette série d’entretiens prendra fin lorsque le harcèlement aura totalement cessé et que la victime se sente mieux. Si le groupe résiste aux demande de l’intervenant, celui-ci sollicitera son supérieur pour des sanctions.

​

Les étapes :

​

L’intervenant reçoit un par un les membres du groupe qui ont pris part au harcèlement et remet de l’empathie vis-à-vis de l’élève concerné et une ré-individualisation. « Je ne sais pas si tu as remarqué mais je trouve que Théo ne va pas bien en ce moment. Ça m’inquiète ». Une fois que l’agresseur reconnait qu’effectivement son camarade Théo va mal, l’intervenant lui demande comment il pourrait faire pour l’aider à se sentir mieux. Au fur et à mesure des entretiens, des solutions concrètes émergent et elles mettent fin à la situation de harcèlement. Il s’agit de mettre en place une préoccupation partagée où chacun des membres du groupe se montre vigilant avec l’élève en difficulté.

 

Dès qu’un cas de harcèlement est connu et que les intimidateurs ont été plusieurs fois reçus par les intervenants de la méthode Pikas, l’élève victime est rencontré à son tour. Il s’agit ici de lui proposer un espace pour évoquer son mal-être, aborder la situation difficile dans laquelle il se trouve actuellement et les solutions imaginées par les intimidateurs lors de leur série d’entretiens individuels.

Par la suite, l’intervenant s’assure que les solutions proposées par les membres du groupe sont appliquées et demande à l’élève victime si la situation s’est améliorée.

La dernière étape de cette méthode n’est pas obligatoire mais elle consiste à réunir intimidateurs et victime dans le but de montrer que la situation de harcèlement a cessé. Si l’élève harcelé refuse ou si l’intervenant juge que cela pourrait réanimer le phénomène, cet entretien n’a pas lieu. L’objectif de la méthode et de l’intervenant étant que le harcèlement prenne fin.

​

D’autres dispositifs…

​

Comme on a pu le voir, la méthode Pikas peut se montrer très efficace dans les cas de harcèlement scolaire. Mais ce n’est pas la seule ! D’autres dispositifs ont pu être expérimenté et notamment celui du psychologue Eric Verdier avec ses « élèves sentinelles« .

Il s’agit ici de constituer des groupes d’élèves qui puissent repérer précocement des cas de harcèlement, d’isolement et de l’exclusion d’un camarade avant que la situation s’installe durablement. Les groupes sentinelles auront pour mission d’accompagner les victimes de harcèlement et de mener des actions de sensibilisation à destination des élèves « spectateurs ». Les agresseurs, quant à eux, seront sanctionnés par des adultes référents.

Attention tout de même à ne pas « uniquement » sanctionner le harceleur sans lui proposer un espace de réflexion. Cette punition va fortement impacter sa confiance en lui et peut renforcer une idée de vengeance afin de restaurer son estime.

 

"LES" PRISES EN CHARGE

​

Comme nous avons pu le constater précédemment, il se passe quelque chose dans la relation entre le harceleur et la victime.

​

La place de l’harceleur

​

Nous l’avons compris plus haut, l’agresseur peut se sentir déstabilisé par la différence d’un camarade et cela le rendra mal à l’aise. Face à cette angoisse et avec le soutien des spectateurs, il cherchera à l’exclure du groupe ou de l’établissement scolaire. Le harceleur peut tout aussi bien chercher à obtenir quelque-chose de l’autre, que se soit matériel (racket) ou immatériel (une reconnaissance sociale ou un défouloir).

 

Face à ce constat, une prise en charge psychologique peut être proposée aux jeunes auteurs de violences afin de travailler sur eux. Avec un accompagnement psychologique adapté, l’agresseur prendra conscience de ce qu’il se passe entre lui et sa victime. Il travaillera sur la notion d’empathie, sur la gestion de ses émotions et de sa frustration, sur la place qu’il occupe dans le groupe, sur ce qui motive ses agissements violents (faille, angoisse, traumatisme) et l’acceptation de la différence envers ses pairs. Le thérapeute ira également explorer le climat familial afin de savoir si ce jeune auteur est témoin de violence ou s’il en subit, ce qu’il pourrait reproduire sur ses pairs ou encore s’il a la possibilité de s’affirmer chez lui autrement que par la force. Faire parti d’un groupe de pairs permet d’expérimenter les relations d’entraide, de rivalité, de confrontation ou encore de conflit. Mais cela ne doit pas passer par un rapport de force dominant/dominé.

Il est également important de souligner qu’un harceleur est potentiellement un ancien harcelé. Cette nouvelle place lui permettrai de se protéger d’un potentiel nouvel harcèlement dont il serait la victime. Ainsi, en occupant une place menaçante et en maintenant un climat de peur autour de lui, il se rend intouchable et se défend par anticipation.

A ne pas oublier donc que l’agresseur peut être également en souffrance.

 

La place de la victime

​

Le harcèlement scolaire peut donc avoir un impact considérable sur la vie de l’élève agressé, même une fois adulte. Les différentes violences subies peuvent nuire à l’estime qu’il se porte, la confiance qu’il place en lui. La peur, la honte et son sentiment de responsabilité peuvent conduire à un isolement, à des troubles psychosomatiques voire à une dépression, à une déscolarisation ainsi qu’à des actes d’auto-agression (scarifications, idées suicidaires).

Face à ce constat, il est conseillé d’offrir un espace de parole aux jeunes victimes afin qu’ils puissent se reconstruire identitairement.

 

Lors des entretiens cliniques, thérapeute et patient vont mettre du sens sur ce qu’il s’est passé, vont apporter de la compréhension et une pensée critique. Cette mise en mot va permettre de prendre du recul pour envisager des moyens de se défendre et de se protéger des agressions. En parallèle, le psychologue et l’enfant/adolescent vont travailler sur la déresponsabilisation, sur la restauration de l’estime de soi et la confiance, la résolution d’un problème, l’acquisition d’une communication efficace et non violente.

Pour des jeunes pouvant être en décalage avec leurs pairs, en difficulté relationnelle (autiste, TDAH, déficience, etc…), il est également possible de travailler sur les habilités sociales et mieux maîtriser les codes sociaux afin de faciliter leur intégration dans les groupes.

​

téléchargement.jpg

Le poids de l’enfance :
se détacher de ses traumatismes

20 février 2023

Nous trainons derrière nous tout au long de notre vie tout ce que nous avons vécu durant notre enfance...

Les valeurs qu’on nous a inculquées, la confiance qu’on nous a transmise, l’amour qu’on nous a donné bien entendu, mais aussi tous les traumatismes que nous avons pu subir. Humiliations, maltraitances, harcèlement, abandon, rejet, trahison… sont autant de chaînes qui nous empêchent de nous épanouir à l’âge adulte.

​

L’enfant que nous avons été continue d’exister en nous

Quel que soit notre âge, l’enfant que nous avons été continue d’exister en nous. Il se tapit quelque part en nous et nous envoie des signaux, de joie ou de détresse selon les cas. Cet enfant ne disparaît jamais. Nous sommes le produit des différents événements qui nous ont soit construits de façon solide, soit malheureusement, abîmés.

Si un enfant a été élevé dans un milieu sécure, stable, s’il a reçu suffisamment d’attentions et d’amour, si son entourage a su lui donner confiance en lui, l’adulte en devenir sera davantage équilibré et serein. Ce qui ne signifie pas qu’il va vivre sa vie sans aucune turbulence, mais les bases étant stables, il saura se relever rapidement lorsqu’il rencontrera des difficultés.

À contrario, un enfant qui a vécu dans une famille dysfonctionnelle, qui a manqué d’amour, qui a subi des violences, portera ces stigmates en lui, même à l’âge adulte.

Comme l’a écrit le psychiatre américain Bessel van der Kolk « Le corps n’oublie rien ». Ni les violences dont il a été victime, ni les paroles blessantes qui lui ont été adressées. Nous gardons en nous l’empreinte des événements traumatiques que nous avons vécus durant notre enfance.

Nous fonctionnons exactement comme des poupées russes. Si la poupée centrale est abîmée, fêlée, l’adulte que nous devenons ne tiendra pas debout correctement, il sera pour ainsi dire bancal.

Bien souvent, nous entendons dans les cabinets de consultation le genre de phrases suivantes :

«Ça, je n’y pense plus, c’est fini, ça remonte à longtemps, c’est derrière moi maintenant. »

Les patients jettent un énorme plaid sur les souvenirs douloureux, sur les plaies béantes de l’enfance, afin de survivre et d’avancer tant bien que mal. C’est ce qu’on appelle un mécanisme de défense. L’inconscient met en place des stratagèmes afin de surmonter ce qui lui apparaît comme insupportable.

Mais aucune plaie n’est en réalité cicatrisée tant qu’on ne l’a pas soignée comme il se doit. L’ignorer n’y change rien, au mieux elle fait souffrir, au pire elle s’infecte et la douleur empire.

Le psychologue Pierre Janet a expliqué qu’après avoir subi un traumatisme, les individus le revivent continuellement à travers les émotions qu’ils ont ressenties alors et qui ne cessent de se répéter, à l’infini. Du coup la personne concernée est comme ligotée à son passé et ne peut avancer.

Il est fréquent de recevoir en consultation des patient(e)s qui ont été rabaissé(e)s, humilié(e)s par un parent voire les deux.

« Je ne sais pas ce que je vais faire de toi… Personne ne voudra jamais de toi… Regarde-toi, tu es tellement moche… Je me demande même si tu es de moi… Comment peut-on être aussi bête ?»

Ces phrases sont autant de coups de poignards qui laissent des cicatrices profondes sur les adultes qu’ils sont devenus. Ces personnes ont du mal à se regarder dans un miroir, à croire qu’elles peuvent séduire et plaire. Dans la plupart des cas, elles se détestent, n’ont aucune estime d’elles-mêmes, et ont beaucoup de mal à se construire en tant qu’hommes ou femmes. Au fond d’eux-mêmes, ces individus restent ces enfants humiliés, rabaissés par un parent ayant l’ascendant sur eux et dont ils n’attendaient pourtant qu’un amour inconditionnel.

Il faut bien comprendre qu’un petit enfant pense toujours mériter ce qu’il subit de la part de ses parents, il ne remet pas en cause les maltraitances qu’il subies puisqu’elles lui sont infligées par ceux qui lui ont donné la vie, qui sont sensés savoir ce qui est bon pour lui. Plus tard, il prendra conscience de ce qui s’est passé, il pourra réaliser que ce dont il a été victime était totalement injuste, mais il gardera en lui ces blessures.

​

Comment se détacher de l’enfant que nous avons été et de ce qu’il a subi ?

La première chose à faire est avant tout de libérer la parole. Le thérapeute pourra également proposer au patient d’écrire, de coucher sur le papier tous les souvenirs, les émotions, les ressentis liés à ce qu’il a subi. Ecrire est en effet parfois plus facile que parler. Dans tous les cas, déposer ce qu’on a vécu et tout ce qu’on ressent auprès d’une oreille bienveillante ou sur une feuille de papier, vider autant que possible un sac trop lourd est un premier pas qui demande certes beaucoup de courage mais qui est ô combien salutaire. Néanmoins, comprendre, savoir pourquoi persiste ce mal-être, en analyser ses origines, ne permet malheureusement pas d’effacer la douleur. Libérer la parole éclaircit les zones d’ombre, ce qui est certes un bon début, mais cela n’est pas suffisant.

Parmi les différents compléments à la thérapie, il existe l’EMDR : désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires (Eye Movements Desensitisation and Reprocessing). L’EMDR permet un retraitement des souvenirs traumatisants, en amenant les victimes de traumatismes à se souvenir de leurs expériences difficiles, et, par des mouvements répétitifs des yeux qui simulent l’effet guérisseur du sommeil paradoxal, à rendre moins sensible le vécu et de fait, à réduire la symptomatologie post-traumatique.

​

Un prochain article sera consacré à cette approche...

​

bff751cbf02a78b85d9689efcf4e1c37--white-feathers-bird-feathers.jpg

    Hypersensibilité :     
     véritable submersion émotionnelle     
04 août 2021

Ni un handicap, ni une maladie, on les décrit comme des éponges émotionnelles, des personnes qui ressentent tout intensément, et souvent à leurs dépens. Les hypersensibles éprouvent parfois une réelle souffrance intérieure, des difficultés quotidiennes… mais ils possèdent aussi une créativité foisonnante. L’hypersensibilité doit d’abord être comprise pour être mieux vécue.

​

«J’ai toujours su que j’étais différente des autres», confie Laura, une trentenaire qui a découvert son hypersensibilité il y a tout juste un an. Trop empathique, trop vulnérable, trop réactive… En pouvant enfin mettre des mots sur ce sentiment de toujours ressentir «trop», la jeune femme a pu apprendre à mieux gérer ses émotions exacerbées, souvent envahissantes. Mais comment reconnaît-on vraiment une personnalité dite hypersensible? Est-ce une maladie à soigner? Comment savoir si l’on est concerné? Enfin, comment apprendre à mettre à profit cette émotivité  Une sensibilité qui, une fois comprise et canalisée, peut s’avérer d’une extraordinaire richesse…

​

Quand l’empathie et les sens deviennent souffrance

 

L’empathie est sans aucun doute la principale caractéristique définissant l’hypersensibilité. Une capacité naturelle, mais excessive, à «se mettre à la place des autres», à ressentir leurs affects… jusqu’à s’y perdre parfois. Si la recherche scientifique sur l’hypersensibilité reste encore assez mince, de récentes études menées par la psychologue américaine Elaine Aron ont montré que les personnes concernées disposaient d’une plus grande quantité de neurones miroirs. Des neurones moteurs du système nerveux qui entrent en activité lors de l’accomplissement d’une action, mais aussi de l’observation. «Ce sont les neurones miroirs qui nous apprennent à mimer, à imiter, à comprendre. Dans une même logique de reflet, ils nous aident à ressentir ce que ressentent les autres», explique Anne-Carole Zbinden, hypnothérapeute et membre fondatrice de l’association «Les Hypersensibles», basée à Avenches, dans le canton de Vaud (Suisse). La réactivité émotionnelle serait en fait directement influencée par cet écho de pensées et sentiments d’autrui, eux-mêmes reflétés par ces trop nombreux neurones miroirs. Une empathie ressentie comme une souffrance – consciente ou inconsciente – pouvant aller jusqu’à l’abstraction ou la mise en sourdine de ses propres affects.

Très réceptifs au plan émotionnel, les hypersensibles le sont également lorsqu’il s’agit des sensations. Un son trop strident, une lumière trop agressive… Des difficultés d’adaptation à un environnement hostile qu’a ressenties Laura, peu avant son burnout. Cette responsable marketing, qui vit dans le canton de Vaud, est alors à bout de forces, aux prises à de fortes angoisses au travail, sans vraiment savoir pourquoi. Ce qui s’apparente à un syndrome dépressif est en fait un burnout. La jeune femme entame une psychothérapie et découvre que cet épuisement professionnel est le fruit de son hypersensibilité. Parmi les signes qui permettent de mettre le doigt sur cette particularité, une très forte vulnérabilité aux stimuli extérieurs. Une intériorité exacerbée dont elle a déjà bien conscience, mais aussi des sens en alerte perpétuelle, au point qu’un bruit strident dans l’open space, une collègue un peu trop bavarde, une lumière crue de néon, sont vécus comme source de malaises.

Ces aléas, qui passent inaperçus pour la majorité des gens, se transforment en agressions qui épuisent le psychisme, puis l’organisme de façon somatique. Lorsqu’est enfin identifié ce qui l’habite depuis tant d’années, c’est «la révélation», témoigne Laura: «J’ai dû recadrer tout mon passé, apprendre à me blinder et à savoir dire non, c’est-à-dire à poser des limites.»

​

Trouble psy ou type de personnalité ?

​

On estime de 20 à 30 % le nombre de personnes concernées par l’hypersensibilité en Suisse romande et au Tessin. Un chiffre considérable au vu des conséquences qu’elle engendre. Pourtant, la fatigue, le stress et le repli sur soi ne sont pas des «symptômes» à proprement parler. Souvent assimilée à tort à différentes maladies (dépression, bipolarité, trouble borderline), l’hypersensibilité est bien un type de personnalité, plus ou moins handicapante, mais qui n’est pas du ressort de la psychiatrie. «Ce sont de faux diagnostics, explique le Dr Paco Prada, psychiatre spécialisé dans les troubles émotionnels aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). La principale difficulté commune est cette énergie déployée à identifier ce que l’on éprouve. Malgré des caractéristiques communes, l’hypersensibilité n’est pas une entité répertoriée dans la nosographie ou utilisée au plan psychiatrique. Un traitement médicamenteux, sauf en cas de troubles associés, n’est donc pas nécessaire».

Évidemment, le tempérament hypersensible est bien exposé à des troubles tels que la dépression ou l’anxiété, mais il s’agit alors de conséquences liées à différents événements ou à une mauvaise gestion émotionnelle. La psychothérapie est alors un outils pour apprendre à mieux maîtriser, pas à pas, cette émotivité à fleur de peau.

​

Un potentiel créatif à exploiter pour se libérer

 

Parce que leurs émotions sont constamment sollicitées, les hypersensibles auraient un potentiel créatif plus élevé que la moyenne. Or, s’adonner à une activité artistique, quelle qu’elle soit, a plusieurs avantages. L’expression concrète des ressentis, en leur donnant forme, permet de les évacuer, de les sublimer et de «se soigner». C’est le principe de l’art-thérapie, qui montre d’excellents résultats thérapeutiques. C’est aussi le cas chez bon nombre de patients concernés par des pathologies psychiatriques, pour qui l’un des traitements préconisés est la valorisation de cette créativité particulièrement féconde.
Autre bénéfice à en retirer, une source inépuisable d’épanouissement personnel, par la mise en place de projets dans un cadre libre. En témoigne Laura: «Dès l’enfance, j’ai toujours aimé l’art et les activités créatives. Je pratique le théâtre dans un club à Genève. Ça me permet de m’exprimer à travers un personnage. Et là, dans le cadre de l’association, je dois actuellement réaliser un petit film. Ce projet est pour moi vraiment porteur de sens, les choses doivent avoir un sens pour les hypersensibles». Aussi, la musique, le théâtre, ou encore la peinture ou l’écriture contribuent à transformer la souffrance, à exploiter cette émotivité, cette imagination, et à valoriser un monde intérieur foisonnant. Et qu’ils soient introvertis ou plus extravertis, ces esprits vifs et perspicaces représentent de vrais atouts dans la sphère professionnelle.

​

​

BONUS :

​

Comment identifier l’hypersensibilité chez l’enfant?

Un tempérament hypersensible est présent dès l’enfance. Beaucoup de traits sont partagés avec l’adulte mais sont d’autant plus reconnaissables à certains comportements durant l’enfance. Autant de signes qui peuvent se révéler des difficultés à surmonter ou de vraies qualités à valoriser.

​

Certaines difficultés…

  • À l’école, la surcharge émotionnelle peut être source de stress et de désorganisation.

  • Malgré ce stress inhérent, l’enfant hypersensible a pour habitude d’accomplir plusieurs actions simultanément. Il fouille dans son cartable tout en parlant à un camarade, par exemple.

  • Parfois plus exposé au harcèlement scolaire, il ressent fréquemment le besoin de s’isoler. De fait, la sociabilisation peut être rendue difficile.

  • Ses comportements peuvent, à tort, être confondus avec l’hyperactivité ou trouble déficit de l’attention (TDAH). Ses émotions étant démultipliées et ses actions parfois désorganisées, l’enfant peut être nerveux, fatigué et irritable. Les crises de nerfs et les troubles du sommeil y sont aussi parfois associés. Impliqué et perfectionniste, l’enfant peut tenir tête aux adultes ou faire des caprices.

  • Certes, sa capacité d’analyse et de traitement des données implique une certaine lenteur d’apprentissage. Mais, loin d’être une déficience, il s’agit au contraire d’un besoin d’approfondissement, signe de curiosité intellectuelle.

  • Lorsqu’il apprend, l’enfant a besoin d’être stimulé. Dans tous les cas, l’enseignement doit faire sens et être digne d’intérêt. Son attention aux détails peut alors être une force, si elle est orientée.

  • Qualité indéniable mais renforçant sa vulnérabilité, cet empathique par nature possède un très grand sens de la justice et du respect.

  • Sa sensibilité exacerbée et ses sens toujours en éveil en font un créatif dans l’âme. S’adonner à des activités telles que l’écriture, le théâtre ou le dessin sont un excellent moyen de canaliser son énergie, de focaliser son attention et surtout d’exprimer sa sensibilité… Être en contact avec les animaux est aussi source d’apaisement, de mise en confiance et d’utilisation de son caractère intuitif.

… mais aussi d’incroyables richesses !

​

​

Hypnose-Coaching-Paris-Saint-Germain-en-

Le perfectionnisme à l'origine
de l'épuisement professionnel

03 mai 2021

Le burn out, la souffrance psychologique liée à l'épuisement professionnel, fait de plus en plus parler d'elle.

​

Dépression due au trop plein de travail, incapacité à se défendre face au risque d'un licenciement, absence de reconnaissance, placardisation, harcèlement sur le lieu professionnel, stress dû aux conflits et au mauvais management, ... il y a de nombreuses causes au burn out.

Il paraît important de revenir sur un autre facteur de burn out : le perfectionnisme. On pourrait décrire celui-ci comme la recherche de l'excellence, l'incapacité à se contenter d'un travail juste "bon", la volonté excessive de peaufiner, d'aller jusque dans l'extrême détail.

Bien évidemment, si chaque action doit être parfaite, qui plus est en un temps restreint, on tombe vite dans la surcharge.

La personne perfectionniste arrive tôt, travaille sans cesse, fait peu de pauses, rentre tard chez elle, et a des difficultés à déconnecter. Elle a du mal à dire non de peur de déplaire, à déléguer car le collègue ne fera pas comme elle l'entend, à faire plus tard car la culpabilité la tenaille.

Elle fait les choses avec un tel investissement qu'elle est angoissée par les délais demandés, estimant qu'il y a toujours un élément à ajouter. Après une réussite, elle ressent une forte fatigue, peu de satisfaction et pense déjà à la prochaine tâche qui l'attend et qu'elle réalisera de façon démesurée elle aussi. Elle s'énerve quand elle ne réussit pas tout de suite, s'en veut, estimant que "Quand on veut on peut" et que l'erreur est inacceptable. Que les autres réussissent forcément mieux qu'elle et plus vite qu'elle, sans erreur, sans répétition, sans entrainement.

Le perfectionnisme est un peu la maladie de la réussite à tout prix. Une éducation rigide et basée sur le scolaire est souvent décrite par ces personnes en quête permanente de validation. La personne perfectionniste a une faible estime personnelle et fonctionne, souvent inconsciemment, à la culpabilité : sa valeur sera confirmée ou invalidée selon ce que l'on dira du résultat final de son travail. Chaque tâche doit être faite à la perfection. Il ne doit rien manquer.

Parfois, on se révèle perfectionniste dès l'enfance, avec un soin important donné aux devoirs, au rangement de la chambre. L'enfant est sérieux, bien élevé, peu demandeur, menant tambour battant ses études mais aussi le sport, la musique ou le théâtre. Pourquoi s’inquièterait-on pour un enfant qui marche bien et semble responsable et autonome ?

Les psychologues et psychiatres sont amenés à rencontrer ces personnes pour des demandes qui peuvent être :

"Je suis très anxieux car quand je vois ce qui m'attend comme masse de travail, je panique. Il m'arrive même parfois d'avoir des pensées suicidaires",

 

"Je suis épuisé et déprimé, je ne me sens plus capable d'aller travailler",

 

"Je me connais par cœur : je suis en tout ou rien. Si je commence, c'est pour que le résultat soit parfait, et comme je sens que cela ne sera pas comme je l'entends je n'arrive pas à me lancer du tout. Je culpabilise de rester les bras ballants devant la feuille blanche".

 

Anxiété, dépression et procrastination sont les motifs les plus courants de demande de soins. Avec le lot d'inquiétudes légitimes sur la façon dont ces personnes sont perçues au travail. Incompétentes ? Trop souvent malades ? Laxistes ? Toujours en retard sur les délais ?

Dans une société où le chômage est important, où les places sont chères et dures à conserver, la personne perfectionniste est l'employé modèle : travailleur, efficace, peu conflictuel, qui ne dit jamais non, et qui ne déconnecte pas. Puis, avec les années qui passent, le corps flanche : le salarié a des arrêts maladie pour épuisement ou dépression, des soucis cardiaques. Il devient alors gênant pour l'entreprise, et on le met de côté.

L'étudiant perfectionniste, lui, n'arrive plus à se lever le matin et regarde de loin ses livres qui l'attendent et exigent le double ou le triple de travail de ce que font ses amis, ruminant ce que ses parents vont dire de son "peu" d'investissement dans ses études.

De nombreuses personnes se disent perfectionnistes. Certaines sont juste consciencieuses sans excès, et d'autres sont clairement prisonnières de leur manque d'estime de soi en quête de réassurance. Pendant que certains parlent de décadence de valeurs sociétales et de parents ne sachant plus être autoritaires, les psychologues et les psychiatres voient venir l'exact opposé : des personnes dont le besoin affectif a été marchandé par le scolaire.

Ou comme le racontait cette patiente :

"J'ai un souvenir très marquant de ma mère qui me disait : 'Ma chérie, maman t'aime quand tu as de bonnes notes.'"

khalo.jpg

     Vivre après un traumatisme     
     Recherches sur la croissance post-traumatique     
10 février 2021

        L’un des autoportraits les plus célèbres de Frida Kahlo la représente allongée sur un lit d’hôpital, nue et en sang, connectée par un réseau de filaments rouges à des objets flottants, parmi lesquels un escargot, une fleur, des os et un fœtus. Ce tableau surréaliste, Henry Ford Hospital, qui date de 1932, propose une magistrale interprétation de sa seconde fausse couche.

​

L’artiste a écrit dans son journal intime que la peinture était "porteuse du message de la douleur". Elle était connue pour canaliser dans ses autoportraits son expérience des fausses couches à répétition, de la poliomyélite et de ses nombreuses infortunes, si bien qu’une réelle compréhension de son art requiert une certaine connaissance de la souffrance qui en est la source.

L’art né de la douleur n’apparaît pas seulement dans la vie de créateurs célèbres mais aussi dans les laboratoires. Depuis vingt ans, les psychologues se penchent sur le phénomène de la croissance post-traumatique, qui a fait l’objet de plus de 300 études scientifiques.

Le terme de "croissance post-traumatique" a été créé dans les années 1990 par les psychologues Richard Tedeschi et Lawrence Calhoun pour décrire les cas de personnes ayant subi une profonde transformation suite à divers traumatismes ou circonstances éprouvantes. Les études ont montré que 70% de ces personnes présentaient un développement psychologique positif.

L’épanouissement qui suit un traumatisme peut prendre bien des formes, y compris une plus grande appréciation de la vie, l’ouverture à de nouvelles opportunités, des relations sociales plus satisfaisantes, une vie spirituelle plus riche et une impression de transcendance doublée d’une sensation de force personnelle. Se battre contre le cancer, par exemple, peut inspirer un sentiment de gratitude envers sa famille, tandis qu’une expérience de mort imminente permet parfois de renouer avec un pan plus spirituel de l’existence. Par ailleurs, les psychologues ont démontré que l’on ressentait souvent davantage d’empathie et d’altruisme suite à une expérience traumatique, et un envie nouvelle d’agir dans l’intérêt collectif.

 

Vivre après un traumatisme

 

Comment se fait-il alors que, dans ces situations de souffrance, nous parvenions non seulement à revenir à notre moi profond mais aussi à améliorer en profondeur notre existence? Pourquoi certaines personnes sortent-elles grandies d’un traumatisme, tandis que d’autres y succombent? Tedeschi et Calhoun expliquent que la croissance post-traumatique, sous toutes ses formes, peut représenter une "source d’épanouissement, très profonde pour certains".

Les deux chercheurs de l’Université de Caroline du Nord sont parvenus au modèle de croissance post-traumatique le plus communément admis. Il semble que nous nous appuyons naturellement sur un certain nombre d’assertions et de croyances sur le monde qui nous entoure. Pour que cette croissance survienne, l’événement traumatique doit remettre profondément en question ces valeurs. D’après eux, la façon dont le traumatisme ébranle notre perception du monde, nos croyances et nos identités est similaire à un tremblement de terre: même les structures les plus fondamentales de notre esprit et de notre foi s’écroulent face à la magnitude de l’impact. Notre perception habituelle est secouée, presque littéralement, et le choc nous oblige à reconstruire entièrement notre monde intérieur. Plus la secousse est importante, plus il nous faut lâcher prise et abandonner nos anciennes convictions afin de repartir sur de nouvelles bases.

"Un événement sismique psychologique peut sévèrement secouer, menacer ou réduire en charpie bon nombre des structures schématiques qui ont jusque là guidé notre compréhension, notre processus décisionnel et notre intellect", écrivent les deux psychologues.

On peut comparer le travail cognitif de restructuration que nous traversons alors à la reconstruction d’une ville après un tremblement de terre. Une fois ses principales structures ébranlées, notre moi s’ouvre à de nouvelles opportunités, parfois de manière créative.

Le processus de reconstruction peut se résumer ainsi: suite à un bouleversement (une maladie grave ou la perte d’un être cher, par exemple), nous devons digérer l’événement traumatique, que nous ressassons dans la mesure où nous sommes le plus souvent en proie à des réactions émotionnelles fortes.

Il est important de noter que la tristesse, le deuil, la colère et, bien sûr, l’angoisse sont des réactions naturelles face à un traumatisme. La croissance post-traumatique se produit généralement en parallèle de ces émotions éprouvantes, sans pour autant les remplacer. Elle peut être considérée comme un moyen de s’adapter à des circonstances extrêmement négatives et de mieux comprendre le traumatisme et ses conséquences néfastes au niveau psychologique.

Se reconstruire peut être très éprouvant. Le processus de croissance exige de lâcher prise et de renoncer aux objectifs, identités et convictions profondément ancrées. Il s’agit ensuite de se fixer de nouveaux objectifs et d’opter pour de nouveaux schémas de fonctionnement. Cela peut être éreintant et douloureux, mais aussi marquer le début d’une nouvelle vie. La personne qui dépasse un traumatisme se considère comme un-e battant-e et redéfinit sa propre individualité pour l’adapter à sa nouvelle sagesse et sa nouvelle force. Elle peut entamer une reconstruction plus proche de son moi profond et de son chemin de vie.

 

Croissance créative

 

De la perte peut naître la créativité. Bien entendu, il est important de remarquer qu’un traumatisme n’est ni nécessaire ni suffisant pour générer un souffle créatif. Les expériences traumatiques, quelles qu’elles soient, sont tragiques et dévastatrices sur le plan psychologique, indépendamment de la croissance créative qu’elles génèrent. Ces épreuves peuvent aboutir sur le long terme à une perte tout autant qu’à un gain. En effet, pertes et gains, comme souffrance et croissance, vont souvent de pair.

C’est parce que les événements négatifs nous obligent à réexaminer nos croyances et nos priorités qu’ils nous aident à briser nos habitudes de pensée et à stimuler notre créativité, explique Marie Forgeard, psychologue à l’hôpital McLean de la Harvard Medical School, qui mène des recherches poussées sur la croissance post-traumatique et la créativité.

"Nous devons reconsidérer ce que nous tenions pour acquis et envisager de nouvelles possibilités", poursuit-elle. "Ces épreuves peuvent être si intenses qu’elles nous obligent à nous poser des questions auxquelles nous n’aurions jamais réfléchi en d’autres circonstances."

La créativité peut même devenir un mécanisme de protection face à une expérience difficile. Certaines personnes estiment que la souffrance les force à remettre en question leurs convictions fondamentales et à penser de manière plus créative. D’autres font preuve d’une motivation nouvelle – ou renouvelée – pour consacrer du temps à des activités créatives. Et ceux qui manifestaient déjà un fort intérêt pour les travaux créatifs se tournent vers la créativité comme principal moyen de reconstruire leur vie.

 

 

Cet article est tiré du dernier ouvrage de Scott Barry Kaufman, psychologue, et de Carolyn Gregoire, Wired to Create: Unravelling the Mysteries of the Creative Mind

cabane-pour-enfants-rouge-l120-x-l102-x-

     Le syndrome de la cabane, à l'heure du  déconfinement 

25 mai 2020

Si le déconfinement représente une liberté et un retour à la vie normale pour certains, il peut être source d'angoisse et d'anxiété pour d'autres. C'est ce qu'on appelle le syndrome de la cabane. En souffrez-vous ? Quels sont les symptômes et solutions pour y faire face ?

 â€‹

La levée du confinement a permis de retrouver certaines libertés : par exemple, la liberté de sortir de chez soi sans attestation, à plus d'un kilomètre et sans restriction de temps. De nombreux commerces et autres lieux de vie ont rouvert et la vie a connu un peu plus d'effervescence que les huit semaines précédentes. Mais chez certaines personnes, s'est développé un faisceau d'angoisses et d'appréhensions lié au déconfinement, appelé "syndrome de la cabane". Qu'est-ce que c'est concrètement ? Comment le reconnaître et comment y faire face ?

 

Définition : qu'est-ce que le syndrome de la cabane ?

 

Le syndrome de la cabane (aussi appelé le syndrome de l'escargot) correspond à la peur de sortir de son lieu d'enfermement. Dans ce contexte d'épidémie de Covid-19, ce syndrome fait concrètement écho à la peur de se déconfiner et de se confronter au monde extérieur. Ici, la cabane ou la coquille de l'escargot représente un petit écrin dans lequel, pendant 8 semaines, on s'est senti préservé de toutes agressions extérieures. "Ce syndrome n'est pas nouveau, il a été théorisé au début du XXème  siècle après la Ruée vers l'or qui a débuté en 1948 aux Etats-Unis en Californie. A cette époque, des hommes partaient plusieurs mois chercher les précieuses pépites et dormaient dans de petites cabanes de fortune complètement isolées de la civilisation. A leur retour, ils éprouvaient une certaine méfiance à l'égard des gens qui les entouraient, une peur de la vie sociale ainsi qu'une nostalgie de leur vie recluse". C'est aussi un syndrome visible après une longue hospitalisation ou dans certaines professions comme les gardiens de phare.

 

"Précisons que le syndrome de la cabane n'est pas une pathologie psychiatrique ni une maladie, c'est un état émotionnel transitoire qui a vocation à s'améliorer si on le prend en charge". Pour autant, la symptomatologie du syndrome de la cabane peut s'apparenter à celle de la dépression caractérisée par :

 

Une fatigue émotionnelle.

 

Une perte de motivation avec un versant anxieux qui prend le pas lorsqu'il s'agit de sortir.

Une peur de tout ce qui pourrait nous arriver à l'extérieur, "un monde qui incarne alors tous les dangers"

 

Cause, signification : comment expliquer le syndrome de la cabane ?

 

Notre domicile est devenu notre première arme de défense, que certains ont pu considérer comme un "cocon protecteur".

Pour comprendre la peur que peut susciter le déconfinement, il faut remonter au début du confinement. "Le 17 mars, nous apprenons que nous devons rester au maximum isolés à notre domicile. Cela sonne comme un changement radical de vie pour beaucoup d'entre nous. Pour l'accepter et ne pas vivre ce confinement comme une injonction punitive ou une privation de libertés, il a fallu comprendre et accepter que cet isolement nous permettait de nous protéger nous-même, nos proches et du fait que nous participions à un effort collectif pour lutter contre le virus". A la levée du confinement, on a dû apprendre à s'adapter à un nouveau mode de vie, auquel on s'était déshabitué. Ce syndrome de la cabane cristallise plusieurs peurs : la peur de la contamination, la peur d'être malade, la peur du regard des autres, la peur de la foule, la peur de retrouver un quotidien stressant... "Avec ce déconfinement, le monde extérieur que nous nous symbolisions comme un danger (avec l'utilisation des masques, des gants, de la distanciation physique...) doit redevenir une norme sociale. Et s'y confronter et s'adapter de nouveau n'est pas anodin et peut être mal vécu chez certaines personnes".

 

Qui sont les personnes à risque ?

 

Tout le monde peut un jour être confronté à des bouffées d'angoisse, il n'y a pas de profil-type. "Malgré tout, on peut noter une prévalence chez les personnes déjà fragilisées psychiquement avant le confinement, chez les sujets qui traversent un épisode dépressif et chez les personnes isolées socialement. En effet, rationaliser cette peur est d'autant plus difficile pour les personnes qui vivent seules. Le risque est que l'anxiété que l'on ressent lorsqu'on doit sortir devienne chronique et se généralise en trouble anxieux".

 

Etes-vous concerné ?

 

En l'absence de symptômes typiques, il est difficile de déterminer si une personne souffre d'un syndrome de la cabane. Il n'existe d'ailleurs pas de test officiel pour le décrire. Néanmoins, certains ressentis peuvent évoquer un éventuel syndrome de la cabane et ce sont les émotions/sentiments décrits par la personne qui vont orienter le "diagnostic". Par exemple :

Une anxiété et un pic de stress lorsqu'il s'agit d'aller dehors.

Une impression d'être protégé exclusivement chez soi.

Une peur de se rendre dans un espace clos, un commerce ou un transport en commun par exemple.

Une peur de recôtoyer d'autres personnes.

Des angoisses lorsqu'il s'agit de retourner au travail...

 

Quelles solutions pour s'en sortir ?

L'humain est capable d'évoluer, de s'adapter et de sortir de sa zone de confort en permanence.

 

5 conseils pour vous aider à surmonter le syndrome de la cabane :

 

- Respecter son rythme et ses émotions

- Ajouter des temps de sortie toutes les semaines, puis tous les deux jours, quotidiennement...

- Faire preuve de patience

- Essayer de relativiser et de rationaliser ses peurs

- En discuter avec ses proches et/ou un psychologue

​

La meilleure attitude à adopter face à ces peurs, serait de se fixer de petits objectifs et d'essayer de les atteindre progressivement. Et comme avec toutes peurs, il faut se laisser du temps et faire preuve de patience.  Sortir d'abord, dans sa rue, à quelques mètres de son domicile, puis progressivement, il faut essayer de se donner des buts à atteindre : par exemple, chercher un colis, se rendre dans une boutique, discuter avec un commerçant, faire une promenade ou une balade à vélo". Sortir oui, mais tout en prenant ses précautions et en respectant les gestes barrières, qui sont des outils plus que jamais rassurants en cette période d'épidémie. "Les premiers jours, voire les premières semaines, il faut éviter les files d'attente, les endroits susceptibles d'accueillir un trop grand nombre de personnes, les transports en commun... Dans tous les cas, il faut être à l'écoute de ce que l'on ressent pour ne pas déclencher d'attaque de panique. Et petit à petit, on va essayer de se conditionner, de relativiser et on va s'apercevoir que l'anxiété va diminuer à mesure que le sentiment de danger imminent va décroître". Soyons confiants : l'humain est capable d'évoluer, de s'adapter et de sortir de sa zone de confort en permanence. Et si on en ressent le besoin, il est tout à fait possible d'en parler à ses proches, ou à un spécialiste, dans un premier temps par visioconférence si on ne souhaite pas sortir de chez soi, qui nous aidera à trouver des outils pour mieux vivre ce déconfinement.

 

Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris.

freud  distance.jpg

     Je vois mon psy en ligne        

1er avril 2020

« Cela faisait un moment que je cherchais à réaliser un travail thérapeutique sur la question de l’identité, et plus particulièrement sur celle des enfants d’immigrés. L’année dernière, j’ai ressenti le besoin de partir de chez mes parents pour vivre une expérience nouvelle hors de nos frontières, en Angleterre. Alors que je venais de quitter la France pour Bristol, une amie m’a parlé d’une thérapeute à Nice, qui travaillait justement sur ce sujet. Se rencontrer sur Skype est apparu, pour nous deux, comme une solution naturelle. La voir chaque semaine sur écran m’a énormément aidé à dépasser mes blocages. Je le referais sans hésiter ! »

 

Pour Naouel, 31 ans, enthousiaste expatriée, la thérapie 2.0, fruit d’une occasion, lui a permis d’avancer et de vivre sereinement son expatriation, loin de ses proches…

 

​ « Le phénomène des thérapies online a débuté dans les années 2000 aux Etats-Unis », explique Yann Leroux, docteur en psychologie, psychanalyste et auteur de « Mon psy sur Internet » (FYP Editions) et du blog Psy et Geek.

 

« Il s’agissait de forums dédiés aux personnes phobiques et anxieuses qui se posaient des questions sur leur prise en charge. A l’époque, les psys étaient très présents sur ces plateformes… Pour aller plus loin dans le soutien, l’idée de mettre en place des thérapies online s’est naturellement imposée. »

 

Les Français n’ont pas tardé à suivre la tendance. Depuis plusieurs années, fleurit une myriade de sites proposant des consultations online sans nécessité de se rencontrer.

 

« Si on a la possibilité de louer des voitures, réserver des hôtels sur le Web, pourquoi ne pas le faire avec un psy ? », interroge, taquin, Yann Leroux, également psychanalyste de Batman et Iron Man sur le blog Super héros sur le divan.

 

Un encadrement nécessaire ?

 

Face à ces demandes de soutien, certains thérapeutes pure players se taillent la part du lion dans le business… Sous leurs fausses promesses de guérison rapide, se cachent souvent de vraies arnaques. Yann Leroux met en garde :

 

« Les patients doivent surtout éviter les thérapeutes online qui assurent une amélioration extraordinaire. Il vaut mieux se tourner vers des personnes qui appartiennent à des associations reconnues ou bien qui sont diplômées. Pour cela elles peuvent demander le numéro Adeli du psychologue. Le bouche à oreille et le réseau 2.0 sur Twitter, LinkedIn ou Facebook peuvent aussi aider à trouver le bon spécialiste. »

 

Le confinement... Acceptez une aide à distance

 

Nous sommes actuellement confinés dans des conditions plus ou moins bonnes. Cette situation inédite peut compliquer les relations avec les autres et affecter notre moral. Le Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat (Paris).

 

Le confinement, nécessaire pour protéger la population du coronavirus-Covid 19, représente une véritable épreuve psychologique. Combien de temps va-t-elle durer ? Il est, à ce jour, impossible de répondre à cette question. Dans ces conditions, comment résister et ne pas tomber dans le découragement ? Le Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat (Paris), reconnaît que cette expérience laissera des traces : « Chaque génération a eu sa guerre. Notre génération sera celle du confinement. C’est un traumatisme collectif que nous devrons métaboliser. Ce n’est pas une histoire individuelle. Prendre conscience que nous vivons une aventure planétaire est un facteur de résilience. »

 

Certes, nous sommes tous dans le même bateau. Mais la situation est particulièrement difficile à vivre pour les personnes qui souffraient de maladies psychiques (dépression, anxiété…), avant que l’épidémie de Covid-19 ne démarre. Le Pr Lejoyeux adresse son premier message à ces patients particulièrement fragiles : « Celles et ceux qui étaient atteints de maladies psychiques avant le confinement vont devoir faire particulièrement attention à eux. Les psychiatres mettent en place un suivi à distance. C’est le moment d’accepter toutes les aides, même à distance », conseille-t-il.

 â€‹

Du côté du psy...

 

Parce qu'ils ne veulent pas abandonner leurs patients, nombre de professionnels s'essaient à la téléconsultation. Malgré leurs préventions initiales.

 

Ils pensaient que la vidéo et le téléphone n'étaient pas pour eux. Que leur pratique ne pouvait pas s'accommoder de l'éloignement physique. Et voilà que les psys, confinés chez eux comme leurs patients, révisent leur jugement et se convertissent à la consultation à distance. "Jusqu'à présent, les psychiatres y étaient plus réticents que les autres médecins, observe Stéphanie Hervier, cofondatrice de la plateforme de téléconsultation Medaviz. Aujourd'hui, ils sont très demandeurs. Toutes spécialités confondues, nous sommes passés de 100 nouvelles inscriptions par semaine à plus de 500 par jour. De 1200 visites virtuelles hebdomadaires, à un rythme quotidien de 3000 actes. Et les chiffres continuent à augmenter." Même constat chez Doctolib, qui propose à ses abonnés d'installer eux-mêmes le service de consultation vidéo en vingt minutes chrono, depuis le 19 mars, sans recourir à un technicien maison. En 24 heures, le nombre de psychologues et de psychiatres utilisant à ce service a bondi de 850 à 1400.

 

C'est le sens du devoir qui a eu raison de leurs dernières réserves. Philippe Maureau, psychologue à Crépy-en-Valois, dans l'Oise, le premier foyer français du coronavirus, a été ébranlé par la détresse de l'un de ses patients redoutant d'être livré à lui-même. "Les gens risquent d'aller très mal, et ce sera pire si on les prive de la soupape de sécurité que peut représenter la rencontre avec le psy, même à distance", souligne-t-il. La psychanalyste Claude Halmos, elle aussi, a fait contre mauvaise fortune, bon cœur. Ou plutôt, conscience professionnelle. "Pour le patient, interrompre une cure analytique peut provoquer un afflux d'angoisse, relève-t-elle. Ce n'est pas facile de travailler derrière son téléphone ou son écran, mais à la guerre comme à la guerre!"

​

2230675.png

  La charge mentale, 

 un phénomène de société 

12 mars 2020  

Près d’1 Français sur 2 (41%) associe la charge mentale à la gestion, l’organisation et la planification constantes des tâches domestiques et parentales tandis que pour 24% la charge mentale se résume à une « double journée » et pour 13% comme l’articulation entre vie professionnelle et vie privée.

« La charge mentale est une notion assez nouvelle, qui n’est pas encore très bien comprise par tout le monde. Les hommes disent la ressentir, mais ont tendance à l’associer au monde du travail, au surmenage et au stress professionnel, au risque de burn out par exemple », précise Jean-Claude Kaufmann, sociologue au CNRS.

Malgré cette difficulté à identifier cette souffrance, près de 20% des Français estiment aujourd’hui la subir de manière excessive. Femmes et hommes ne se sentent pas concernés de manière égale : 2 femmes sur 3 (63%) considèrent qu’elles sont davantage touchées contre seulement 1 homme sur 3 (36%).

 

« Les femmes vivent les mêmes pressions que les hommes, mais le terme de charge mentale renvoie chez elles à quelque chose d’autre : le fait de devoir penser à mille choses à la fois pour la famille, de prévoir, d’organiser l’essentiel de ce qui se passe dans la maison. Tout cela en pensant bien sûr à leur travail. C’est la thématique bien connue de la double-journée. Bien que le terme soit assez nouveau, il a immédiatement connu un succès d’audience auprès des Français, car il est cristallisateur d’une condition féminine qui désigne un problème central même s’il est mal identifié et mal compris par leur propre conjoint : 61% des hommes n’ont pas conscience de la charge mentale domestique des femmes selon cette étude », ajoute Jean-Claude Kaufmann.

 

8 femmes sur 10 (77%) déclarent d’ailleurs avoir trop de choses auxquelles penser et avoir peur d’en oublier. Une manière d’évoquer ce phénomène de charge mentale sans l’avoir clairement identifié. A l’inverse, 59% des hommes s’interrogent sur l’obligation de devoir toujours tout prévoir. « Les hommes n'ont pas la même façon de gérer le temps et les tâches du quotidien ce qui explique ce décalage de perception. Par exemple, certaines urgences de leur femme n'en sont pas forcément pour eux. En effet, ils ne placent pas leur priorité au même endroit », précise Jean-Claude Kaufmann.

Une différence que l’on retrouve dans les signes d’une charge mentale trop importante ; 1 femme sur 2 ayant le sentiment de ne pas y arriver (51%), 43% ont le sentiment de ne pas pouvoir gérer contre seulement respectivement 38% et 37% des hommes.

 

​​

Voici une petite BD humoristique de 2017 mais qui s'appuie sur des faits de réalité : l'auteure est Emma, jeune cadre dynamique dans l'informatique qui créé un blog dessiné pour partager sa vision de la société.

 

Visionnez-là en cliquant sur le lien ci-dessous et faîtes défiler les pages ! (sourire aux lèvres garanti !)

 

https://emmaclit.com/2017/05/09/repartition-des-taches-hommes-femmes/

​

​

​

poupees-gigognes-black-white-xl-sketch-i

  Psychogénéalogie : quand la mémoire familiale empêche d'avancer.       
21 janvier 2019

La psychogénéalogie est à la mode. Les rayons des librairies croulent sous le poids des manuels, les conférences se multiplient, et même les médecins généralistes, perplexes devant des bronchites chroniques, s’interrogent : « Vous n’auriez pas eu un grand-père gazé à Verdun ? » Anecdote authentique… Après le « c’est la faute des parents », nous sommes entrés dans l’ère du « c’est la faute des ancêtres », manie qui favorise toutes les analyses sauvages. La première à le regretter est la fondatrice de la méthode.

 

Transmission héréditaire

 

Quiconque s’est peu ou prou penché sur son arbre généalogique y a inévitablement croisé Anne Ancelin Schützenberger. Non qu’elle en occupe les branches, mais parce qu’elle est la référence inévitable des curieux de leurs ancêtres, des dénicheurs de secrets de famille, des victimes de silences. Dans Aïe, mes aïeux ! (Desclée de Brouwer, 2007), son best-seller qui ne cesse d’être réédité, cette psychanalyste, professeure de psychologie clinique à l’université de Nice qui a travaillé avec les plus grands ( Françoise Dolto, Carl Rogers, Gregory Bateson, Paul Watzlawick…), inventait un nouveau mot : psychogénéalogie.

 

Partant du principe que nos ascendants nous ont légué plus que nos gènes ou nos traits, Anne Ancelin Schützenberger établit le principe de l’existence, dans chacune de nos familles, de règles de loyauté et d’un système de « comptabilité » non-dits, qui fixent le rôle de chacun d’entre nous et nos obligations familiales. Comme un immense inconscient familial qui nous cloue à notre place et semble nous interdire d’en bouger.

 

Qu’est-ce que le transgénérationnel ?

 

Il est important de différencier deux formes de transmission familiale : la transmission intergénérationnelle (entre générations se connaissant) et la transmission transgénérationnelle (sur plusieurs générations parfois lointaines) d’une « tâche inachevée ». La première est claire et contient ce qui est connu, consciemment transmis. La seconde contient ce qui est tenu secret, caché, non-dit, non su, souvent un traumatisme ou un deuil non résolu, mais encore actif.

 

Témoignages

 

Corinne, 36 ans, agent d’assurances : « J’ai fait un grand nettoyage »

« Le départ de mon conjoint pour une autre femme, deux ans après la naissance de ma fille, m’a conduite à la psychogénéalogie. Depuis longtemps, je ressentais le besoin de travailler sur la place des femmes dans ma famille. J’ai interrogé ceux qui restaient dans le village de mes ancêtres. Et les mairies et les cimetières alentours. J’ai questionné la sœur de ma grand-mère. Elle m’a appris un secret : le père de ma mère n’était pas son géniteur. Plus encore, depuis plusieurs générations, les filles aînées étaient des enfants illégitimes. J’ai fait un grand nettoyage. J’ai trouvé ma place de femme, d’épouse, de mère. Les relations avec ma mère ont, elles aussi, changé. J’ai compris qui elle était. Nous sommes passées à une relation de compréhension. Grâce à la psychogénéalogie, je pense être plus libre. Je me culpabilise beaucoup moins. Ma fille a aujourd’hui 7 ans. Je sais qu’un jour, je lui dirai tout de notre famille. »

 

Virginie, 42 ans, psychanalyste : « Je ne subis plus mon destin »

« Dans le cadre de ma formation de psychanalyste, j’ai fait un long travail sur moi. Mais, en devenant mère, j’ai revécu des angoisses et d’autres cauchemars. Je manquais d’équilibre personnel. Je craignais de transmettre des non-dits à ma fille. Il me fallait trouver ma place, me réapproprier mon histoire. A la lecture de mon arbre généalogique, de nombreuses coïncidences sont apparues. Depuis longtemps, j’étais hantée par les enfants mort-nés. Or, j’ai découvert différents cas de bébés morts à la naissance sur plusieurs générations. De plus, j’ai vérifié que ma mère était un enfant de “remplacement”, née peu de temps après un frère mort en bas âge. Cela se savait, bien sûr, mais personne ne le disait. La psychogénéalogie permet d’accepter ce type d’événements et d’éviter ainsi qu’ils deviennent nocifs pour l’individu. A moi, elle m’a permis de trouver ma place au sein de la famille, et donc de m’affranchir du poids que je portais. Mes angoisses ont disparu. A présent, je ne subis plus mon destin, je le choisis. »

 

Nathalie, 38 ans, secrétaire : « Je suis libérée de mon angoisse »

 « A 18 ans, je voulais faire carrière dans le transport. Or, ce désir était totalement irréalisable puisqu’une angoisse terrible semblait me prédire que si je réussissais mon permis de conduire, j’allais avoir un accident. Je me suis dirigée vers une psychothérapeute. Mon père étant mort d’un accident de voiture, elle a identifié un “conflit transgénérationnel”. “Que dois-je faire ?” lui ai-je demandé. “Rien, m’a-t-elle répondu, puisque vous en avez pris conscience.” J’étais soulagée. Pourtant, je me suis vite aperçu que rien n’avait changé. Cette idée de “conflit transgénérationnel” a cependant germé. J’ai commencé à lire des ouvrages traitant de psychogénéalogie, puis j’ai consulté directement une thérapeute spécialisée. Au bout de quatre séances de deux heures, j’avais identifié ma problématique : une succession de morts lors d’accidents de la route sur plusieurs générations. Mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient décédés de la même façon, laissant veuves et enfants. Après le “nettoyage de l’arbre”, je me sentais déchargée d’un poids. Depuis, je n’ai pas passé mon permis, mais pour des raisons pratiques cette fois-ci. Je suis tout à fait libérée de mon angoisse. »

 

La critique d'une forme de déterminisme

 

Y aurait-il donc un destin ou tout du moins, un déterminisme généalogique? Nos trajectoires personnelles seraient-elles irrémédiablement conditionnées par les souffrances mal digérées de nos ancêtres ?

 

Loin de provoquer le consensus dans la communauté psychanalytique, l'approche transgénérationelle et les pratiques qui en découlent -constellations familiales, repérage de dates événements...- ont régulièrement été critiquées.

 

"L'écueil dans lequel on peut facilement tomber est de vouloir expliquer n'importe quel trouble par le comportement de ses parents ou de ses grands-parents", constate Christophe Fauré, psychiatre et psychothérapeute. Et de poursuivre : "Cette approche, si elle est mal délimitée, peut mener à une forme de fatalité et finalement priver la personne d'autocritique." Pire, selon lui, "elle peut constituer une sorte de stratégie d'évitement. Le risque est de ne pas se confronter à soi au présent, puisque de toute façon 'ça me dépasse' ".

​

Il-pleut-sur-Nantes-De-l-abandon-du-pere

  La peur de l'abandon, le mal du siècle ?  
12 novembre 2018  

Angoisse de se retrouver seul(e) du jour au lendemain, certitude que l'on ne mérite pas d'être aimé, manque de confiance en soi... La blessure de l'abandon ruine les relations de ceux qui en souffrent. Des spécialistes décryptent ce mal de plus en plus commun.

 

La mort de son père quand elle avait 11 ans, une rupture amoureuse, le départ de son fils de la maison, puis plus récemment le décès de sa mère, sont autant d’abandons qui ont fragilisé à l’extrême Catherine, 54 ans. Elle les numérote tellement ils sont nombreux, jusqu'au numéro 6. La quinquagénaire détaille aussi chacune des blessures que ces séparations ont sillonnées au plus profond d’elle-même : «Un manque de confiance en soi, une lutte permanente contre le doute et une grande difficulté à faire confiance».

 

On l’appelle peur, sentiment, blessure, ou syndrome. Les noms changent et les symptômes varient en fonction de la sensibilité, mais l’origine est toujours la même : une séparation dans la petite enfance vécue comme un abandon. De plus en plus de personnes semblent concernées. Serions-nous une génération d'enfants abandonnés ?

 

Une séparation difficile dans l’enfance

 

«C’est un mal très courant», affirme le Dr Daniel Dufour, médecin généraliste et auteur du livre La Blessure d'abandon. Tellement courant que ce chirurgien de guerre a décidé d’y consacrer un livre quand il a vu cette fragilité chez la plupart de ses patients souffrant de cancers ou d'autres affections comme la polyarthrite. «J’ai toujours essayé de comprendre les raisons psychologiques de certaines maladies, et souvent je retrouvais cette blessure chez les patients», se souvient-il.

 

Selon lui, tout le monde aurait souffert d’une séparation difficile dans l’enfance. «Le sentiment n’est pas forcément causé par un abandon physique. L’enfant peut ressentir qu’il n’a pas été désiré, ou qu’il n’est pas aimé tel qu’il le souhaiterait», détaille Daniel Dufour.

 

Pour Virginie Megglé, psychanalyste et auteure du livre Les séparations douloureuses : guérir de nos dépendances affectives, «tout le monde en souffre à différents degrés». «Naissance d’un petit frère ou d'une petite sœur, des vacances dans une colonie contre son gré, un déménagement, un décès, mais aussi des parents au chômage ou dépressifs, peuvent donner l’impression que le couple parental est absent», explique-t-elle.

 

Estelle, 24 ans, ne se souvient pas d’un abandon particulier dans son enfance, mais dit pourtant souffrir du syndrome. «J’ai peur de me retrouver seule du jour au lendemain», confie-t-elle. Son histoire ? Celle de la séparation de son père et de sa mère, et une relation fusionnelle avec cette dernière. «Je vivais avec elle et à chaque fois qu’elle avait un petit copain j’avais peur qu’elle parte pour toujours», raconte-t-elle. La jeune femme ira en internat au lycée et sa mère voyagera très souvent, laissant à sa fille le sentiment que tout le monde peut partir du jour au lendemain.

 

Dépendance affective

 

Manque de confiance en soi, impression de ne pas mériter d’être aimé, dépendance affective ou rejet des relations de proximité pour se protéger, la peur de l’abandon fragilise ceux qui en souffrent. «C’est surtout à travers leurs relations affectives que les personnes vont se rendre compte de cette blessure», affirme Daniel Dufour. Persuadés qu’ils ne méritent pas d'être aimés parce qu’ils ont été abandonnés dans leur enfance, ces personnes n'arrivent pas à se donner de l'amour mais exigent de leurs partenaires qu’ils les aiment toujours plus.

 

«Quand on souffre de peur d'abandon avec angoisse, on va interpréter toutes les situations interpersonnelles sous la grille de l’abandon», souligne Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur du livre Le Sentiment d'abandon. Dans certains cas, même un licenciement économique peut venir réveiller une vieille blessure d'enfant.

 

Les réseaux sociaux et l'attente du "like"

 

Les réseaux sociaux viendraient multiplier le nombre d'événements anodins qui rappellent la blessure originelle. «Toutes les relations virtuelles exacerbent cette insécurité que nous pouvons tous avoir. On est toujours en attente d'une réponse à un message ou d'un like. On a l’impression que ce like va nous rassurer, mais il ne fait qu'accentuer le sentiment d'abandon car au fond ce n'est pas de ça dont nous avons besoin», analyse Virginie Megglé.

 

Outre les réseaux sociaux, les crises écologiques, politiques et économiques, ainsi que les attentats viendraient, selon Saverio Tomasella, renforcer la peur de l’abandon et l’étendre à toute une génération. «Dans un monde violent et sans repères, de plus en plus de personnes ne savent plus comment elles vont s'en sortir. Cela ajoute au sentiment d'insécurité», affirme-t-il.

 

Pour guérir, il faut aller à la rencontre de cette douleur originelle, la reconnaître pour se comprendre. Selon le psychanalyste Saverio Tomasella, tant que l'on n’a pas repéré l'abandon réel, «on va se sentir facilement abandonné pour de petites choses».

 

Thérapie, méditation, psychanalyse, les chemins sont nombreux. Le but est de créer un espace où l'on est en contact avec ses émotions. Selon Virginie Megglé, cet espace permet «d'apprendre à accepter que l'on est fragile pour devenir plus fort».

​

etre-manipuler.jpg

  Test : Reconnaître un pervers narcissique  
04 juin 2018

Reconnaître, détectez un pervers narcissique grâce au test suivant.

 

Si vous trouvez de 10 à 15 points de comparaison, vous avez affaire à un simple manipulateur.

 

Au-delà de 15 similitudes, vous devez immédiatement agir pour sauver votre existence. FUYEZ ! Le pervers narcissique éprouve de la joie au spectacle de votre déchéance associé au sentiment de domination morbide. L’erreur des victimes d’un manipulateur pervers narcissique est de rechercher l’existence d’un sentiment là où il n’en demeure malheureusement aucun. Véritables machines à broyer, on les reconnaît principalement dans des amours toxiques, mais ce sont également des amis, des collègues, votre propre famille.

 

Testez et comparez les 30 points ci-dessous avec les traits de caractère de la personne que vous soupçonnez d’être un manipulateur pervers narcissique.

 

Culpabilise sa victime en inversant les rôles

Susciter un sentiment de culpabilité chez sa victime est une manœuvre dans laquelle le pervers narcissique prend un véritable plaisir. En reportant sa responsabilité sur sa cible, il la pousse à admettre qu’elle seule est responsable d’une situation. Se défausser de ses torts est une spécialité du manipulateur.

 

Ne communique pas clairement, nie les évidences

Impossible de connaître avec exactitude ses demandes, ce dont il a besoin, ses sentiments comme ses opinions. Il fait en sorte que sa proie soit perpétuellement en train de chercher à le comprendre , c’est pour ce motif qu’il répond souvent de manière à entretenir l’ambiguïté.

 

• « T’as mal compris, j’ai pas dit les choses dans ce sens-là… »

 

• « J’ai pas fait ça dans ce but… »

 

• « Je l’ai pas dit pour toi… »

 

À chaque personne ou situation un comportement différent

Une personne normale use d’un mode de réaction relativement constant. Notre personnage, quant à lui, est constamment différent sur les sentiments affichés, ses comportements comme ses opinions. La victime n’arrive jamais à le situer dans la relation ni à savoir qui il est réellement. Il est insaisissable !

 

Il est armé de raisons logiques

Là où une demande aurait reçu le plus mauvais accueil avec un autre, les raisons logiques qu’il avance créent l’acceptation. Ainsi, souvent, sa cible se retrouve à accepter des choses qu’elle n’aurait jamais approuvées normalement. Les demandes sont déguisées par la logique implacable de son raisonnement. Marionnettiste à vos dépens, mais votre prise de conscience ne se fait qu’après coup !

 

Vous devez être parfait

La perfection n’est pas une option ! Il vous fait croire que vous ne devez absolument jamais changer d’avis et que vous devez répondre immédiatement aux questions qu’il pose. Ainsi vous devez tout savoir et réagir à ses demandes au quart de tour.

 

Critique et dévalorise

Sa critique est discrète mais intense, il dévalorise sous couvert de l’humour au début, puis émet des jugements sur vous. Il insinue le doute sur vos qualités, vos compétences et plus généralement votre personnalité. Avec lui la personne que vous croyez être aura peu à peu perdu toute importance. Vous devenez banal, inintéressant, voire extrêmement inférieur.

 

Fait passer ses messages par les autres

Place autrui en position de transmettre ses messages. Il en use principalement pour ne pas se dévaloriser en attaquant les autres car c’est vous qui l’aurez dit et non pas lui. Ainsi, il peut être le bourreau d’une personne tout en réconfortant de cette même victime dans le même tableau.

 

Divise pour mieux régner

D’une touche délicate, avec discrétion, il sème la zizanie tout en cultivant la suspicion. Son mode de fonctionnement est de diviser pour mieux régner. Il brise progressivement les amitiés et les groupes dans l’optique d’obtenir ce qu’il désire.

 

Il se positionne en victime

Auto-élu victime, le pervers narcissique se place dans cette position pour être la vedette. Ainsi, son entourage compatit, le plaint, le comprend dans ses épreuves. Il est celui vers qui l’on se tourne et, après tout, qui pourrait se méfier d’une victime ? Avec lui, il ne faut jamais hésiter à s’apitoyer sur son pauvre sort, il ne vous mangera que mieux, alors !

 

Ignore les demandes

Oui, il répondra toujours positivement aux demandes qui lui sont formulées. Cependant, il préférera ensuite s’esquiver poliment en prétextant toujours une raison valable.

 

Utilise les principes moraux des autres

Pour assouvir ses besoins, il utilise les principes moraux des autres tel un caméléon. Il peut intégrer totalement le mode de pensée d’un groupe et ses principes en faisant croire qu’il s’agit également des siens. Étant un être en réalité très faible, il n’a aucune personnalité et absorbe celle des autres !

 

Menaces cachées ou chantage ouvert

Il peut tout aussi bien user des menaces de manière déguisée que du chantage ouvert. Dans les deux cas sa cible doit se plier à ses exigences.

 

Change de sujet ou s’échappe

Au cours d’une conversation, il change totalement de sujet sans crier gare. Pour esquiver une question qui le mettrait mal à l’aise ou le mettrait à jour, il change de sujet comme s’il n’avait pas entendu la question. Déroutant, il peut également s’échapper en quittant la discussion ou la rencontre.

 

Mise sur l’ignorance des autres

L’ignorance des autres est une source favorable dans laquelle il puise inlassablement pour faire croire en sa supériorité. Il se sert de la crédulité des individus, de leur ignorance pour leur montrer qu’il est supérieur, et son besoin d’admiration est enfin reconnu. Il cherche souvent des personnes dans la détresse.

 

Il ment

Il ment souvent pour tout et rien, même pour des broutilles, s’inventera une vie et détestera par-dessus tout se faire démasquer. Il peut avoir des vies différentes avec plusieurs personnes en même temps. Ses mensonges sont souvent indécelables, car il va y ajouter une pointe de vécu pour les rendre crédibles assez longtemps.

 

Dit le faux pour connaître le vrai

Il prêche le faux pour savoir le vrai et cela s’applique à tous les domaines de sa vie. Cette stratégie a essentiellement pour but de lui faire savoir s’il peut faire confiance à la personne qu’il côtoie. Cela permet aussi de tester l’évolution de la prise de contrôle sur sa proie.

 

Il est égocentrique

Il rapporte tout à lui-même d’une façon très naturelle, sa nature égocentrique demeure profonde. C’est le plus beau, il est le meilleur, il veut être le gourou …

 

Il peut être jaloux

Le pervers narcissique peut être jaloux. Attention, toutefois, car ce n’est pas une jalousie sentimentale amoureuse, mais une traduction envieuse ! Il cherche par-dessus tout à le cacher, mais sa jalousie s’exprime à l’égard des capacités que vous avez et dont il ne dispose pas. Le PN vous côtoie en tant que sa chose et, en tant que femme, vous êtes son objet. Donc vous n’avez pas le droit de le supplanter, il est le meilleur.

 

Obsédé par l’image sociale

Il ne supporte pas d’être critiqué, car il ne veut et ne peut pas être perçu comme une personne mauvaise. L’image POSITIVE que les autres renvoient de lui est capitale, pour ne pas dire vitale même, car il lui est insupportable de paraître différemment.

 

S’énerve rarement

Le manipulateur s’énerve rarement, car la prise comme la conservation de son contrôle est à la base de son fonctionnement. Sauf dans le cas d’un pervers naturellement violent, un manipulateur orchestre une crise s’il juge utile de le faire, mais ce ne sera en rien une action spontanée pour lui.

 

Ne tient pas compte des autres

Vos droits, vos besoins comme vos désirs ne tiennent aucune place pour lui, bien qu’il fasse croire le contraire.

 

Paroles opposées à ses attitudes

Quand le discours est blanc, ses actions sont noires ! Les réactions du manipulateur sont à l’opposé de l’attitude correspondant au discours.

 

On parle de lui

Il fait constamment l’objet des conversations, même lorsqu’il n’est pas présent. C’est d’ailleurs une grosse source de satisfaction du manipulateur pervers narcissique.

 

Devient soudainement attentionné

Flatterie, sortie, petit cadeau, cette personne fait pour vous plaire et vous entoure de sollicitude de façon inattendue. Dans ce cas, il aura une demande à faire qu’il fera passer pour votre bien-être alors qu’il agira dans son propre intérêt. En faisant croire qu’il comble l’un de vos besoins ou par une action de gentillesse, il n’agit que dans son intérêt.

 

Provoque un sentiment de non-liberté

Provoque un sentiment de dépendance affective. Vous ne pouvez pas vous séparer de lui, même si vous savez qu’il est malsain de l’avoir comme relation.

 

Atteint ses objectifs aux dépens des autres

Il est d’une efficacité remarquable pour atteindre ses objectifs aux dépens des autres. Il sait parfaitement utiliser autrui pour obtenir ce qu’il veut. Il est le marionnettiste de son entourage.

 

Fait perdre vos repères

Avec lui, votre esprit devient confus, il retourne votre cerveau. L’expression « ne plus savoir où l’on habite » prend tout son sens avec lui. Le terme de « lavage de cerveau » est approprié, car il cherche à modeler l’autre en fonction de ses buts. Narcissisme exacerbé, il jouit d’observer à quel point il fait ce qu’il veut de sa petite souris.

 

Vampirise votre énergie

Lors de phases de dénigrement, de rabaissement, il vous vide de votre énergie. Ce n’est pas pour se ressourcer lui-même donc le terme « vampiriser » est mal employé, il s’agit d’un trou noir dans les faits. Le caractère injustifié de son attitude vide l’énergie de sa victime qui ne sait jamais comment agir avec le pervers.

 

Froideur émotionnelle

Sous l’apparence d’une personne aimante, il est pourtant dénué d’empathie. Il fait preuve d’une froideur émotionnelle incroyable, sauf si sa victime lui dit être mal par sa faute. Dans ce cas de figure, il fera tout pour prouver que NON.

 

Il vous fait du mal

Avec lui vous souffrez, vous êtes psychologiquement mal et ne savez pas comment agir avec lui. Cela peut même avoir des conséquences sur votre santé par une perte d’appétit, un sommeil difficile, de la déprime…

 

Vous prenez conscience qu'un(e) pervers(e) narcissique vous affaiblit ?

Vous avez besoin de soutien, d’aide ou de conseils, ne restez pas seul(e).

​​

(Source : http://www.perversnarcissique.com/)

​

DÉPENDANCE-AFFECTIVE.jpg

   Dépendance affective : les signes qui ne trompent pas...  
04 septembre 2017  

Certaines personnalités sont plus sensibles que d'autres à la dépendance. Et l'ignorer rend encore plus fragile. Mieux vaut donc savoir si nous possédons une personnalité dépendante ou tout au moins quelques-unes de ses caractéristiques.

Tout amoureux est dépendant de l'aimé. Jusqu'à un certain point. L'amoureux « normalement » dépendant vit bien les séparations (pour mieux apprécier les retrouvailles) ; il ne redoute pas d'être abandonné à la moindre turbulence relationnelle et prend plaisir à consacrer du temps à ses relations (amis, famille) et à ses loisirs personnels. En revanche, pour le dépendant, l'histoire se déroule autrement.

 

Les 9 signes de la dépendance affective :

 

1- Avoir du mal à prendre des décisions sans conseil ni validation d'un tiers.

 

2- Compter sur d'autres (conjoint, famille, amis) pour assumer les responsabilités dans les domaines importants de sa vie (revenus, gestion administrative, santé, organisation domestique…).

 

3- Craindre et éviter tout désaccord avec son interlocuteur (peur des conflits, d'être rejeté, exclu).

 

4- Avoir du mal à démarrer des projets ou à faire les choses par soi-même.

 

5- Se sentir anxieux ou complètement détendu quand on est seul, à la pensée de l'être.

 

6- Se rendre spontanément responsable de ce qui ne va pas (dans le domaine privé ou professionnel).

 

7- Se sentir obligé de satisfaire les demandes et besoins d'autrui.

 

8- Avoir vraiment besoin de l'approbation et du réconfort des autres.

 

9- Être incapable de poser et de défendre ses propres limites.

 

​

Si vous vous êtes reconnu dans au moins cinq de ces affirmations, vous pouvez considérer que vous avez tendance à la dépendance.

Comment s'en sortir ? Il est très difficile de s'autonomiser durablement et en profondeur sans l'aide d'un professionnel. Mais la prise de conscience de vos zones de vulnérabilité ouvre la réflexion sur ce que vous pouvez commencer à modifier dans votre comportement.

 

Les 8 pistes à explorer :

 

1. Prendre au quotidien des initiatives sans demande de conseil ni de validation.

 

2. Se donner un temps de réflexion et le formuler à l'autre avant de s'engager à accorder son temps, son aide, son argent, etc.

 

3. Lister tout ce que l'on a accompli dans sa vie (sans négliger les petites choses) sans l'aide de personne.

 

4. Se concocter des journées « 100% perso » en les consacrant à ce que l'on aime vraiment faire, sans rendre de comptes.

 

5. Ne pas donner des marques d'affection dans le but d'en recevoir mais attendre de ressentir les choses pour les exprimer.

 

6. Essayer de ne pas devancer les demandes et les désirs de l'autre, mais attendre qu'ils soient formulés et se demander s'ils sont justes et si l'on a vraiment envie de les satisfaire.

 

7. Ne pas attendre que les autres aient donné leur avis pour livrer sincèrement le sien au lieu de se rallier à la majorité.

 

8. Prendre le temps de se féliciter et de savourer ses petites et grandes victoires sur sa dépendance.

 

Pourquoi ne pas tenir un journal de bord pour les noter ? Cela permet de mesurer le travail accompli et de rebooster sa motivation.

 

Flavia Mazelin Salvi

grande-b222766a84a80a409aee0b9a79e2219ae

     Quand les voyages rendent fous...
28 août 2017

Les voyages peuvent-ils faire perdre la tête ?

 

 

Il n’y a pas que les coups de soleil et les piqûres d’insectes qui peuvent vous gâcher les vacances. Les médecins reçoivent régulièrement des patients touchés par des syndromes directement liés au voyage, alors que ceux-ci n’avaient aucun antécédent psychiatrique. Dans ce cas, le voyage est considéré comme pathogène. Le meilleur remède étant le rapatriement.

​​

Régis Airault, psychiatre, ex-médecin de l'ambassade de France en Inde, auteur de plusieurs livres sur le sujet, fait le tour des différents syndromes du voyageur.

​​

Syndrome indien :

 

Il touche spécifiquement les Européens portés vers l’Orient. Une fois sur place, notamment en Inde, le choc culturel est trop violent et se traduit par l’apparition de symptômes délirants. Le psychiatre évoque le cas d’une «jeune fille à qui on a confié un bébé quasiment mort dans les bras. Elle n’y était pas préparée.» Ou d’une personne, prise d’hallucinations, qui avait décidé de quitter le pays à la nage, «pour rejoindre ses parents». Beaucoup ont aussi le sentiment d’être persécutés, suivis. A l’origine, les troubles ont été mis sur le compte de prise de drogues. Mais les médecins ont très vite mis en évidence un «déformatage» de la personnalité justifiant un suivi psychiatrique.

​​

Syndrome de Jérusalem :

 

Il s’agit d’un épisode psychotique aigu déclenché par un séjour dans la ville sainte. «Portées par une recherche mystique, les personnes partent dans un trip d’identification au Christ», observe Régis Airault. Les croyants se sentent alors investis d’une mission évangélique en se prenant pour le Messie. L’importante charge émotionnelle ressentie lors de ces pèlerinages explique l’apparition du délire.

​​

Syndrome de Stendhal :

 

Cette fois, c’est au contact d’œuvres d’art que les sujets vacillent. La ville de Florence connaît de nombreux cas de visiteurs anormalement exaltés, pris de vertiges face à la beauté des œuvres, comme Stendhal l’a décrit lors de sa visite de l’église de Santa Croce. «Il y a une perte de contrôle, mais il ne faut pas en avoir peur. Sauf s’il devient vraiment fou. Là, les amis ont plutôt intérêt à les raccompagner et raccourcir le voyage», prévient le spécialiste.

​​

Syndrome de Paris :

 

Ou plus précisément syndrome des Japonais à Paris puisque cette population est spécifiquement ciblée. Leur idée préconçue de la capitale -modèle de ville romantique comme dans Amélie Poulain- vole en éclat dès qu’ils posent un pied dans un métro bondé et puant. Derrière leurs masques antipollution, ils déchantent et sombrent dans un mal-être qui peut aller jusqu’à la dépression. Désormais, certains guides touristiques déconseillent certains quartiers qui ne correspondent pas au fantasme culturel des Japonais.

​​

Syndrome insulaire :

 

Les papayes fraîches et les colliers de fleurs s’accompagnent parfois d’un sentiment d‘enfermement chez ceux qui rêvent d’une escapade, parfois d’une expatriation, sur une île. «A Mayotte, j’ai déjà dû rapatrier dix personnes, confrontée à leurs limites, témoigne Régis Airault. On est dans le fantasme mais au bout d’un moment il y a une réalité qui est différente.» Rattrapés par l’ennui, le climat, les personnes sombrent alors dans la déprime.

​​

Syndrome d’Ulysse :

 

Il en fallait bien un qui touche les voyageurs épargnés sur place. Voilà le syndrome qui touche les personnes une fois rentrées chez elles. Généralement d’anciens expatriés. Ils connaissent des difficultés de réadaptation à leur culture d’origine. Déconnectés, ils ne reconnaissent plus les lieux qui leur étaient familiers.

​​

Dans tous les cas, le conseil serait de ne pas fuir ses démons et mieux vaudrait partir au mieux de sa forme plutôt que de croire que les voyages seraient la solution à notre mal-être.

temps-qui-file.jpg

     Ce temps qui passe et qui fait peur !     
08 août 2017

​

Le temps ! Chacun court après, a peur de le perdre ou de l’avoir perdu. Il y a ceux qui n’en ont pas du tout, et ceux qui le passent. Et ceux qui préfèrent le prendre. Mais le temps reste un élément essentiel des valeurs humaines. Le sablier voit s’écouler des minutes entières de grains de sable et le cadran solaire égrène les secondes, les minutes, les heures que sagement, parfois, le mauvais temps (encore lui !) efface pudiquement et brouille les pistes.

 

La montre qui jaillit rapidement du poignet ou l’œil rivée sur la pendule, nous restons dépendants de l’heure. Il faut aller plus vite, encore plus vite, toujours plus vite. Il faut encore et toujours plus de rendement pour que le chiffre d’affaires monte encore et toujours. Vite, vite, la journée est finie et il faut aller chercher les enfants à l’école. On jette un regard sur les devoirs, le dîner est vite avalé et c’est le lit. Et n’oublions pas les activités sportives des week end ! Et les vacances ! Les vacances sont un véritable marathon. On part quelques jours, il faut aller à la plage et revenir le plus bronzé possible ! Faire un maximum de balades et de visites pour engranger les souvenirs et y penser quand on sera vieux. On aura le temps, alors, de penser au passé si vite enfui, de cette jeunesse gaspillée à courir pour aller toujours plus vite.

 

Les années passent, et avec elles l’angoisse de la vieillesse qui arrive et serre le cœur bien fatigué de tous les excès. Nous avons tous entendu cette phrase : « Le temps est passé si vite ! » Mais est-ce qu’on a pris le temps de regarder, d’écouter, de ressentir, d’aimer ? Est-ce que « Le temps, c’est de l’argent » vaut la peine d’être vécu ? On n’entend plus les oiseaux chanter en été, les enfants rire aux éclats dans le jardin ou se disputer. On est trop pressé et on ne prend le temps de rien. La vie vaut-elle ce prix si élevé du regret et de l’inquiétude face aux rides et à la peur de ne plus séduire ou de ne plus avoir la force d’avancer… ou l’angoisse de perdre la tête si on a traversé la vie sans voir ce visage lisse, ce corps alerte ou la vivacité de l’esprit qui réfléchit et pense. Chaque minute qui passe nous fait vieillir à 10 ans comme à 50 ou 70. Qu’est-ce qui est important ? Se souvenir et regretter le passé ou se projeter dans l’avenir ? Ou vivre avec simplicité le présent ?

 

Le temps n’est pas un ennemi, il apporte l’expérience et le savoir. « Chaque âge a ses plaisirs ». Se sentir vivant  et le vent souffler sur le visage, admirer la complexe beauté d’une fleur ou tout simplement,  ne rien faire et apprécier le temps qui s’écoule doucement, goutte à goutte, prendre son temps (encore !). Le temps n’est qu’un mot du vocabulaire. Il vaut mieux conjuguer le verbe vivre à tous les temps !

​

decorations-murales-panneau-tableau-en-b

     Maintenant ou jamais ?     

06 juin 2017

​

Arrivés à un certain âge, beaucoup d’adultes sentent que le temps leur est désormais compté. Est-il encore possible de réorienter sa trajectoire de vie ?

 â€‹

Le 05 octobre 2013 :

 

Ce jour-là, c’était mon anniversaire. J'en ai donc profité pour aller fureter en librairie à la recherche d’un petit cadeau à me faire (on n’est jamais si bien servi que par soi-même…).

 

En bonne place sur un présentoir, mon regard a été attiré par le dernier essai de François de Closets, Maintenant ou jamais. Allez savoir pourquoi, je l’ai pris pour un message personnel ! En fait, le livre portait sur les « choix décisifs » auxquels le pays est confronté. La France, nous disait F. de Closets, est en train de décrocher du rang des pays développés : son taux d’endettement (200 milliards d’euros par an) la met devant une alternative : soit le choc salutaire de profondes réformes, soit un déclin irrémédiable. La France a des atouts mais plus de temps à perdre : c’est maintenant… ou jamais !

 â€‹

Quelques rayonnages plus loin, au rayon psychologie, mon regard a croisé une autre couverture : Maintenant ou jamais ! du psychiatre Christophe Fauré. Mon cœur a fait un bond. Cette fois, le message était clair. Que le même titre me tombe sous les yeux deux fois de suite, presque au même moment, le jour de mon anniversaire, c’est sûr, on s’adressait à moi de là-haut.

 

Même les gens rationnels cèdent vite à la pensée magique en certaines circonstances : la romancière Joan Didion a rapporté un témoignage touchant sur le sujet l’année durant laquelle elle a perdu son mari (L’Année de la pensée magique, 2007).

 

La transition du milieu de vie ou le processus d'individuation

 â€‹

Le livre de C. Fauré porte en fait sur la « transition du milieu de vie ». Beaucoup de quadragénaires et quinquagénaires ressentent que le temps leur est désormais compté : arrivés à un carrefour de leur existence, ils éprouvent une crise existentielle. Le livre de C. Fauré débute par le cas d’Isabelle, une patiente qui vient le voir les larmes aux yeux. Isabelle a un poste intéressant dans un grand groupe de presse. Elle est mariée à un homme qu’elle aime, leur couple est heureux et ils ont trois enfants désormais adolescents dont elle est fière. Pourtant, Isabelle ne comprend pas ce qui lui arrive :

 

 « Depuis deux ans, je me bats tous les jours contre un terrible sentiment de vide intérieur. J’ai l’impression d’être dans une lente chute libre, comme si ma vie perdait son sens jour après jour. »

 

Ce mal dont souffre Isabelle est ce que l’on appelle la « crise du milieu de vie ». L’expression a été employée pour la première fois en 1965 par le psychanalyste canadien Elliott Jaques, avant de faire rapidement fortune. Elle désigne selon lui une crise psychologique qui survient vers 40 ans, « quand on a pris conscience de sa mortalité ».

 â€‹

Elle va faire par la suite l’objet d’interprétations très différentes : certains l’identifient au « démon de midi » des hommes mariés, qui détournent le regard vers des femmes plus jeunes et aspirent eux-mêmes à une nouvelle jeunesse ; d’autres l’associent à la dépression des femmes à l’heure de la ménopause. Plus récemment, on a admis l’existence d’une « andropause », survenant vers l’âge de 50 ans.

 

C. Fauré conteste ces interprétations liées à un strict effet de l’âge. Une grande enquête parue aux États-Unis en 1999 a d’ailleurs sonné le glas de cette notion en montrant que seulement 8 % de la population des 40-55 ans connaît la crise de milieu de vie. En revanche, tous les adultes peuvent traverser une crise dès la trentaine.

 

Pour C. Fauré, s’il existe bien une crise adulte, celle-ci n’est pas liée à l’âge mais à ce que Carl Jung appelait le processus « d’individuation ».

 â€‹

Le psychiatre suisse désignait par « individuation » une phase singulière de la vie adulte. Après avoir consacré une partie de sa vie à trouver sa place dans la société sur le plan professionnel ou familial, la personne s’aperçoit qu’elle a dû renoncer en même temps à une partie de ses rêves de jeunesse. Une partie de soi est restée tapie dans « l’ombre ». Vient alors le moment où ces rêves refoulés viennent de nouveau hanter l’esprit. Cette crise de milieu de vie survient souvent vers la quarantaine, parfois avant, parfois plus tard.

 

Avec l’allongement de la durée de vie, le centre de gravité de l’existence s’est décalé vers l’avant. Certains commencent à se poser ces questions à la veille de la retraite. Une enquête menée par Danièle Laufer, dans L’Année du phénix, montre que la première année de la retraite, le confirme. Cette année du phénix peut être pour les uns le moment d’une véritable renaissance. Mais elle est aussi une source d’angoisse pour ceux qui n’ont pas su préparer à temps leur nouvelle vie de retraité. Car une nouvelle vie, ça se prépare.

 â€‹

Qu’on l’appelle « crise du milieu de vie » (E. Jacques) ou « phase d’individuation » (Jung), toujours est-il que la crise appelle un changement. Pour les uns, il s’agit de se libérer d’un modèle de vie qui leur a été imposé. C’est le cas de nombre d’anciens « enfants modèles », qui ont construit leur trajectoire de vie en se conformant à un modèle parental.

 

Le syndrome du « premier de la classe » pèse lourd sur la destinée de beaucoup de certains jeunes gens doués : poussés par l’entourage dans des études longues – classes préparatoires, grandes écoles –, ils se sont engagés dans une belle carrière – médecin, ingénieur, avocat… – alors qu’ils rêvaient au fond d’eux-mêmes d’une autre vie. Pour eux, la crise du milieu de vie revient à s’affranchir enfin de ce surmoi.

 

« Je voulais être pâtissier, mais j’étais bon en maths ! », témoigne Julien qui a le sentiment d’avoir renoncé à une vocation première. « Maintenant je veux être moi », proclame Mireille, une professeure d’art plastique qui a attendu d’avoir 50 ans pour s’émanciper d’une vie entière soumise aux autres : ses parents, puis son mari et ses enfants. C’est à l’occasion d’un tournant de vie – une rencontre amoureuse, le départ des enfants, un licenciement professionnel, une maladie… – que s’expriment ces désirs impérieux de changer et de renouer avec son « vrai soi ».

 

Il s’agit de préparer sa nouvelle vie comme on l’a fait pour la première : en y intégrant progressivement de nouvelles activités, des gratifications, de nouvelles contraintes et routines. Ces contraintes et stimulants, librement consentis, sont susceptibles de nous mettre sur une nouvelle trajectoire de vie, comme ce fut le cas dans la première partie de son existence.

 

Cette transition exige de la patience et de la méthode, passe par des réussites et des échecs partiels, des moments d’enthousiasme et de doute. Tout le contraire des choix décisifs et du grand « saut » aussi risqué qu’illusoire.

 â€‹

Maintenant ou jamais ? Non, le changement de vie, c’est aujourd’hui et demain…

Et encore et encore.

Jusqu’à la fin !

 â€‹

Jean-François Dortier

homme-ecrivant-en-therapie.jpg

     10 bonnes raisons d'aller voir un psy ! 

13 mars 2017  

Un tiers des français, soit plus de 20 millions de personnes ont déjà consulté un psy. Et ce n'est plus aujourd'hui un sujet tabou.

 

Il y a quelques années, la périphrase était de rigueur : on ne consultait pas un psy, on allait « voir quelqu’un », et plutôt en rasant les murs. Les thérapies, dans l’esprit des non-initiés, étaient réservées aux fous. Ou jugées trop chères, trop « intellos »… Aujourd’hui, près de 8 millions de Français consultent un psy, et sans aucun complexe. Que ce soit pour surmonter un mal-être passager, un deuil, ou par simple curiosité, 87 % d’entre eux confient en ressortir apaisés. Les plus convaincus (ou angoissés) y emmènent leurs enfants, voire leur nourrisson ! « Je reçois même des parents qui viennent dans une optique préventive, pour anticiper un divorce par exemple », observe le psychiatre Stéphane Clerget.

 

Pour déterminer si quelques séances vous seraient profitables, le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger livre dix bonnes raisons d’aller consulter. Mais encore faut-il s’y retrouver dans la nébuleuse psy, à l’heure où les thérapies fleurissent. Faut-il s’engouffrer dans la vogue comportementaliste, préférer un psychanalyste, un psychiatre ? Et comment éviter les charlatans ?

 

Il est parfois difficile de faire la distinction entre un mal-être passager et une vraie névrose aux racines profondes.

 

A quel moment faut-il envisager de consulter un spécialiste ? Réponse avec le Dr Robert Neuburger.

 

1. Vous répétez les mêmes échecs

 

Il faut s’interroger quand les défaites personnelles se suivent et se ressemblent. « J’ai le souvenir d’une patiente qui répétait toujours le même mécanisme d’échec amoureux : la relation démarrait sous les meilleurs auspices, mais à chaque fois, elle finissait par harceler son compagnon en se montrant jalouse et possessive. Elle savait pertinemment que ce comportement allait conduire à la rupture mais elle n’arrivait pas à s’en empêcher », raconte Robert Neuburger. Sur le plan professionnel, une personne qui se trouve systématiquement en conflit avec les autres salariés de l’entreprise doit consulter.

 â€‹

2. Vous commettez des actes manqués

 

Les actes manqués n’ont rien à voir avec une erreur de distraction : ils représentent au contraire un désir refoulé qu’on ne peut pas exprimer consciemment. « On a un entretien très important le matin et on ne se réveille pas, on rencontre l’homme de sa vie et on perd son numéro… Tous ces actes manqués ont une signification cachée », explique notre spécialiste. Seul un psy pourra comprendre ce que notre inconscient essaie de nous dire à travers ces rendez-vous.

 

3. Vous souffrez physiquement

 

Crise d’angoisse, migraines, douleurs au ventre : il faut s’inquiéter lorsque ces manifestations physiques sont liées à une souffrance psychologique récurrente ou à une période de stress qui s’éternise. « Certains patients ont des crises d’angoisse fréquentes sans en connaître la raison, ce qui achève de les angoisser », remarque Robert Neuburger. Le corps révèle alors un mal-être inconscient qui nécessite un traitement.

 â€‹

4. Vous vous enfermez dans des situations malsaines

 

Il faut s’alarmer lorsque l’on sait qu’une situation est désespérée mais qu’on n’arrive pas à y mettre un terme, par exemple si on persiste à entretenir une relation amoureuse vouée à l’échec. « De nombreux patients attendent toute leur vie une reconnaissance de leurs parents, en vain, sans réussir à tourner la page. La souffrance causée par ce genre de traumatismes est tellement forte qu’elle empêche de vivre. »

 â€‹

5. On vous juge déprimé

 

« Il faut se méfier de ceux qui vous répètent que vous êtes déprimé, ils n’ont pas forcément de bonnes intentions. On peut facilement être mis dans la case “dépressif” alors qu’on va très bien. Consulter permet d’utiliser son vague à l’âme pour mieux se comprendre, sans se laisser enfermer dans un diagnostic erroné », conseille le Dr Neuburger. Attention : réfléchissez à deux fois si votre médecin généraliste souhaite vous prescrire des antidépresseurs. « Nous vivons dans une société où on n’a pas le droit d’être triste. Les antidépresseurs sont des modificateurs d’humeur, mais ils ne font pas disparaître les problèmes. »

 â€‹

6. Vous doutez de vous

 

Douter en permanence de ses capacités constitue un sérieux handicap sur le plan professionnel et amoureux. « Certaines personnes se montrent défaitistes pour conjurer le sort. Mais d’autres manquent tellement de confiance qu’elles pensent vraiment être incapables de réussir. Elles s’attribueront toujours la responsabilité des échecs de leur vie, à cause d’un sentiment de culpabilité parfaitement irrationnel », souligne le psychiatre.

 â€‹

7. Vous hésitez en permanence

 

L’hésitation peut devenir pathologique, par exemple lorsque l’on ne parvient pas à entretenir une relation avec quelqu’un sans s’interroger en permanence. « Il est nécessaire de consulter lorsque chaque événement du quotidien donne lieu à une réflexion profonde qui ne mène finalement nulle part. A force d’hésiter, on ne prend aucune décision et on n’avance pas. »

 â€‹

8. Vous avez des sautes d’humeur

 

La thérapie peut être utile si vous passez rapidement d’un état de tristesse à un état d’excitation ou d’irritation, de manière répétitive et inexpliquée, sans rapport avec d’éventuels changements hormonaux. « Les sautes d’humeur liées à un malaise psychique sont incontrôlables. Il ne faut pas les confondre avec un simple trouble de la personnalité », indique Robert Neuburger.

 â€‹

9. Vous avez vécu un traumatisme personnel

 

Abus sexuel, deuil, accident… autant de traumatismes qui nécessitent souvent l’intervention d’un professionnel, à condition que vous en ressentiez le besoin. « La thérapie n’est pas une prescription antibiotique. C’est avant tout une décision personnelle. Certains ont une capacité de résilience importante qui leur permet de dépasser de graves traumatismes. »

 â€‹

10. Vous avez envie de vous découvrir

 

« C’est le point le plus important. Avant d’entamer une psychothérapie, il faut être curieux de comprendre ce qui vous anime et de découvrir vos désirs inconscients. D’une façon générale, un spécialiste peut vous aider si vous ressentez un mal-être et que vous avez conscience d’en être en partie responsable, en l’absence d’un événement extérieur identifié », conclut Robert Neuburger.

​

bottom of page